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Pierre Keller, le maître étalons (photographie)

Publié le par Jean-Yves Alt

Le cheval-désir est le thème d'une série de photographies de Pierre Keller : Horses. Le mot « étalon » est un concentré d'érotisme comme si le destin de reproducteur absorbait la profusion sexuelle. Le cheval est aussi l'animal de la connivence sensuelle. Cuisses écartées au contact des poils, croupe collée à la croupe de la monture, le cavalier qui « monte », admet l'interdit, le mouvement rythmé d'une lente jouissance en solitaire quand le sexe prend son pied en secret et que le « haut » du corps expose la rigueur d'une superbe contenance.

Pierre Keller photographie l'arrière-train du cheval mais, en filigrane, c'est le corps imaginaire de la femme ou de l'homme désiré qui s'impose. Ces « culs de chevaux » s'offrent en gros plans essentiels : fesses, raie, queue, couilles, vulves de jument. La perspective choisie isole la violente condensation de la chair. Loin de l'imagerie chevaline (tête fière et soumise, corps piaffant, danse des jambes fines), les photographies de Pierre Keller insistent sur la plénitude et le plein éclat d'un voyeurisme délibéré.

Pierre Keller, le maître étalons (photographie)

Pierre Keller – Horses – 1988

Polaroïd, 74 cm × 92 cm

Une croupe regardée à la loupe oblige à comprendre ce que chacun redoute de savoir : le désir peut ignorer la beauté de l'âme et déniche l'infini dans une parcelle de peau, le fumet de l'aine ou une trace de sueur.

C'est la force et l'impudeur tranquille de ces photographies de confronter celui qui regarde à la vision intense de la brutalité sexuelle. Ce qui n'exclut pas la délicatesse. Le cheval ici est frémissement, longue et lente circulation de la volupté.

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