Killer, Yves Navarre
Rien n'est plus difficile que la description du milieu homosexuel – réussie cependant, mais en curieux réquisitoire, par Maurice Sachs dans son « Sabbat ».
L'auteur qui s'attaque à cette peinture risque fort de sombrer dans la noirceur féroce, ou dans un pittoresque clinquant, les deux tout aussi faux.
Yves Navarre, lui, tire sa magie d'un don de pénétration très curieux ; il note une ligne de fièvre ; il est le sismographe du climat qu'il dépeint à travers le drame d'un garçon avec lequel son ami a rompu et qui, ainsi, devient une sorte de maudit.
Aveux déchirants, érotisme inquiet ou triomphant, attrait de la mort – en compensation, peut-être, d'une fantasmagorie décevante...
Navarre se sert de son goût de l'outrance, pour envoûter, comme il sut le faire avec « Lady Black » et « Les Loukoums ».
■ Killer, Yves Navarre, Editions, Flammarion, 387 pages, 1975, ISBN : 2080607898
Quatrième de couverture : Pour Navarre, l'homosexualité n'est ni un tabou ni un scandale, encore moins une mode. A preuve son cinquième roman, « Killer », qui nous fait entrer brutalement dans l'univers clos d'un "clan d'homosexuels". Rites et rivalités, fascinations, disgrâces, tous les personnages de ce livre vivent à la fois hors du temps et hors d'eux-mêmes. Poupée, Madame, Crick, John, Tristan et leur cheftaine Sophie, jouent le jeu d'une solitude de groupe que Killer observe et transcrit. Au présent de ce livre, un drame se noue. Killer a rejeté Tony dont il craint tendresse et jeunesse. Tony revient. Le clan se brisera, mais comment, et pourquoi ? Et quelles seront les victimes ?
Au passé de ce livre, en filigrane de ce drame, la vie de Killer nous est restituée au travers de pages arrachées aux cahiers sur lesquels, toute cette vie, il s'est lui-même inscrit.
L'apparence de ce roman est pittoresque et tragique, sa transparence confirme la quête opiniâtre de Navarre "témoin de son propre temps et de son propre sexe, assumé".
Après tout, l'auteur le dit lui-même : "Il n'y a de véritable scandale que celui de l'écriture." Il dit encore que "la seule véritable complaisance est de ne jamais s'accepter". Paradoxal ? Si Navarre est Killer, il en donne ici une preuve forte comme un coup.
Quelques ouvrages d'Yves Navarre : Biographie - Ce sont amis que vent emporte - Fête des mères - Hôtel Styx - Le jardin d'acclimatation - Kurwenal ou la part des êtres - L'espérance de beaux voyages - Louise - Le petit galopin de nos corps - Premières pages - Une vie de chat - Romances sans paroles - Les dernières clientes [Théâtre] - Portrait de Julien devant la fenêtre - Le temps voulu - Killer - Niagarak - Pour dans peu