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La nudité chez les grecs par Maurice Sartre (2/2)

Publié le par Jean-Yves Alt

Gymnos signifie « nu » en grec, mais peut désigner une nudité partielle (guerrier sans arme, femme court vêtue) ou totale.

Nuditas est souvent attribué au romain Tertullien (fin du IIe siècle de notre ère) qui désigne la nudité des organes génitaux ou l'absence de poils.

A l'image des dieux, figurés nus, les hommes se dénudent lors des processions. L'origine de la nudité grecque pourrait être sacrée (née à Athènes en l'honneur d'Athéna), reprochant à l'éducation nouvelle de pousser les adolescents à cacher leur nudité derrière leur bouclier, véritable offense, à la déesse.

Comaste (homme participant à un cortège de buveurs chantant et dansant en l'honneur de Dionysos), vers 460-450 av. J.-C.

Aucun auteur ancien n'établit les raisons de cette nudité rituelle qui, peut-être, n'a d'autre raison que d'assimiler le fidèle à son dieu. Car ce qui est sûr, c'est que les dieux eux-mêmes sont souvent figurés nus.

Pour certains d'entre eux, même, cela semble être la règle : Poséidon, Hermès, Apollon, Dionysos, Zeus lui-même, quels que soient les attributs dont on les dote par ailleurs (couronne, manteau, trident, etc.), se découvrent presque totalement, exhibant leur virilité sans ostentation (il ne s'agit pas de cultes de fécondité), mais sans pudeur.

Il en va de même lorsque les artistes se plaisent à représenter des hommes nus, le sexe bien visible, y compris dans des circonstances ou des postures où la nudité paraît improbable. Ainsi, rien (en dehors de quelques épisodes très spécifiques) n'indique que les guerriers grecs aient jamais combattu nus ; ils le sont néanmoins souvent sur les vases.

Le combat serait-il assimilé à une épreuve sportive ? Il existe une tradition de nudité guerrière à Sparte et à Corinthe, et d'une manière générale chez les Doriens : ne dit-on pas « se comporter à la dorienne » pour dire « se dénuder » ?

La nudité du guerrier peut avoir une fonction apotropaïque (conjurer le mauvais sort), ou magique, à des fins de protection.

La nudité chez les grecs par Maurice Sartre (2/2)

Armurier Grec (400 avant JC) conformant un casque (kranos) pour soldat d'infanterie

De même, on représente volontiers nus des artisans dont on peut douter qu'ils aient travaillé sans aucun vêtement, ne serait-ce que pour se protéger (ainsi le forgeron devant sa forge). Mieux, dans la peinture sur vase, qui seule permet ce type d'artifice, le peintre laisse volontiers apparaître le sexe des personnages à travers la tunique.

in L'Histoire n°345, Dossier « Le corps mis à nu » : extrait de l'article de Maurice Sartre « Le propre de l'homme… grec », septembre 2009


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