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Fariboles à l'école, Robert Vigneau

Publié le par Jean-Yves Alt

Du poète que dire, sinon répéter comme jouissance ses mots fragments d'éternité ?

Robert Vigneau livre son dernier recueil : « Fariboles à l'école ». La même voix, toujours, pour mieux approcher finalement le mystère de l'écriture.

Le poète retrouve ici la beauté et les mystères de l'enfance et de l'adolescence. Ses poèmes cherchent à traverser l'apparence, à ordonner le désordre du temps, à retenir cet espace lointain qui reste encore – on le devine – un lieu réel de vie.

Tout ce qu'écrit Robert Vigneau n'est au final que l'envers masqué de nos années d'enfance.

Le lecteur se met aussi à penser que l'auteur souhaiterait encore avoir à aimer.

« Nul n'a vu qu'une étincelle / Manquait dans le firmament / Et personne ne décèle / Que j'aime secrètement. » (p. 82 – Le secret)

« Mes jours n'étaient pas joués / Ni le vrai d'amour noué / Ni tombées les hautes neiges / Sur mon préau de collège. » (p. 53 – Le préau)

Fariboles à l'école, Robert Vigneau

Robert Vigneau ne cherche ni l'exhaustivité, ni la lucidité, ni l'authenticité. Il cherche seulement dans ses poèmes à élire la mémoire. Ses phrases étroites manifestent une cause ignorée qui lui est aussi indispensable que l'oubli volontaire d'autrui.

« Je tiendrai les pluies dans mes poings ! / Mais je garderai deux, trois flaques / Où nous bondirons à pieds joints / avec mes copains tête à claques. » (p. 58 – Mes pluies)

« Sur les photos n'existe pas / Ton jeune visage, papa. / Tu tournais toujours l'appareil / vers la famille à ton soleil. / Tu capturais tes trois petits / Dans les bras de maman blottis. » (p. 63 – Les photos)

De ce livre arraché à la nostalgie, le travail de Robert Vigneau (dont l'alchimie des thèmes éternels : l'amour, l'errance, le désir, le temps…) rappelle que l'enfance reste le mirage de l'absolu… excessive ardeur pour croire, un temps, à l'incarnation de l'amour.

« Alors je m'endors mais qu'y faire ? / Toujours rêvant car tu viendras, / Prince charmant, lever le drap / Où je t'attends très solitaire. » (p. 71 – Lectures)

« Mais comment s'empêcher de plaindre / La maladresse d'un garçon / Qui offrit son bras à étreindre / À des fiancées de poinçon / Et qui cachait sous ce décor / D'oiseaux, d'œillets et de mousmés, / Le nu naturel de son corps / Par peur de n'être pas aimé ? » (p. 81 – Tatouage)

■ Fariboles à l'école, Robert Vigneau, la Timbale éditions, avril 2018, ISBN : 9791069921221, 7€

Du même auteur : Une vendange d'innocentsPlanches d'anatomieRitournellesEros au potager (encres sur papier)Oraison


Le site de Robert Vigneau

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