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Brève histoire des fesses, Jean-Luc Hennig

Publié le par Jean-Yves Alt

L'auteur s'amuse et vagabonde dans l'Histoire pour raconter toutes sortes d'histoires, aussi rebondies que charnues. Cet essai est réjouissant : il y a absolument tout, tout sur la partie du corps aussi fondamentale que l'âme ! Ça va d'« Afarensis » à « voyeur » en passant par « bordel », « fessée », « pin-up » et « trou ». C'est plein d'informations, c'est drôle et d'une érudition échevelée.

On passe effectivement allègrement des fesses de la petite Lucy (la fiancée « à » Monsieur Coppens), aux culs rouges en forme d'abricots ouverts qui s'illuminent chez les femelles chimpanzé lorsqu'elles sont en proie au désir, pour arriver à la femelle du mâle humain qui, elle, n'a pas le derrière qui se gonfle ni qui s'allume – du moins à l'extérieur.

Attention, le travail de Jean-Luc Hennig reste soucieux du sens des mots car l'écrivain, qu'il est, se livre là à un travail scientifique de zoologiste de très haut niveau sur l'animal humain, donc les termes employés sont précis et justes.

L'auteur a traqué et répertorié l'appareil fessier autant dans la vie et ses coutumes que dans l'Art. Longtemps, peut-être même aujourd'hui, pour choisir sa belle, l'homme riche dans la plupart des Afriques faisait aligner les jeunes filles, allait les voir de dos et choisissait le fessier le plus pointu et proéminent, bref celui qui dépassait de tous les autres ; la femme qui le portait était donc la plus belle.

Il a exploré les fessiers dans les bas-reliefs, dans les statuaires, dans la sculpture néolithique africaine et européenne, en passant par la peinture depuis ses origines aux nanas de Niki de Saint Phalle, en passant longuement par les fesses des Kouros car, quoi de plus beau, de plus intense, de plus sensuel que les fesses d'un Kouros galbées dans une pierre si pure ?

Jean-Luc Hennig se penche aussi sur la littérature et les fesses (et pas seulement dans les écrits de Sade). Il ausculte également la peinture, de la plus primitive à la coquine, en passant longuement par celle du XVIIIe… pour arriver à la publicité (« demain j'enlève le bas ») : souvenez-vous du scandale, une paire de fesses sur les murs de Paris (Polnareff les avait pourtant bien menues !).

Brève histoire des fesses, Jean-Luc Hennig

« À défaut de mépriser les fesses, on les traite par la gaudriole ». Désormais c'est fini avec cet ouvrage qui est un hymne à la fesse et une véritable réhabilitation des fesses : « on ne parle pas assez des fesses, on les calomnie, on les humilie et pour finir on les oublie ».

Luc Hennig en parle avec écriture merveilleuse d'insolence, de drôlerie et de délicatesse : une magistrale leçon de choses et de vie comme personne n'avait encore su donner.

Ces fesses, comme la lune, transforment l'existence : « Bref, la fesse fait plaisir. Son embonpoint a quelque chose de réjouissant. Surtout dans les caps difficiles. Elle réconforte, elle encourage, elle donne envie de croire en l'avenir. »

Brillantissime et remarquable leçons du corps !

■ Brève histoire des fesses, Jean-Luc Hennig, Éditions Zulma, 1995, ISBN : 9782909031569


Du même auteur : Obsessions : Enquête sur les délires amoureux - Mon beau légionnaire

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