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« Diableries » à la basilique Notre Dame des Miracles de Mauriac

Publié le par Jean-Yves Alt

Le décor extérieur des églises d'Auvergne se distingue par la présence assez fréquente de sculptures sur les modillons, c'est-à-dire les corbeaux qui soutiennent la corniche des toits.

A Mauriac (Cantal), comme ailleurs de-ci de-là, ces sculptures romanes abordent des thématiques que l'Eglise ne traite d'habitude pas si crûment.

Il est à observer que ces « diableries » - d'ailleurs difficiles à expliquer - sont toujours cantonnées à l'extérieur des églises...

Le sexe n'y avait déjà pas droit d'entrée.

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La beauté exténue le regard, Marcel Jouhandeau

Publié le par Jean-Yves Alt

Le corps du bien-aimé, quand on l'a entrevu un instant pour ne plus le revoir jamais, peut devenir une hantise comparable à ce qu'il reste de paysages contemplés l'été, une fois venus l'hiver et le froid.

Si l'on avait contemplé Dieu face à face, on ne pourrait plus rien voir sans chagrin. La beauté exténue le regard, le retient en captivité, longtemps aveugle, indiffèrent à tout le reste, ô cécité bienheureuse ! J'ai beau promener mes yeux sur le monde, je ne vois que lui. Les montagnes, les vallées, les forêts, la nature entière n'est plus qu'une allusion à lui seul.

Marcel Jouhandeau

Bréviaire, Portrait de Don Juan, Amours, Editions Gallimard, 1981, ISBN : 2070254763, page 116

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Travail mâché par Gilbert Descossy

Publié le par Jean-Yves Alt

En transformant le « chewing-gum » en oeuvre unique, encadrée à côté de son journal intime, Gilbert Descossy construit au fil du du temps une collection contemporaine sensible. Et d'une éclaboussante sincérité. Une œuvre riche, kaléidoscopique, plongeant à cru dans la vie de cet artiste.

A la différence des sculpteurs classiques, Gilbert Descossy travaille sans autre instrument que lui-même et toujours en aveugle. S'il pense à une forme particulière, son action est alors immédiate et sans recours. Le résultat : des hybrides de coquillages striés à coups d'incisives, des mappemondes déchiquetées, des « Christ » crucifiés, des formes abstraites qui élèvent l'art de mastiquer au degré zéro de l'anthropophagie ludique.

La «machine» Descossy commence son expérience le 23 septembre 1985 :

«C'est l'automne, écrit-il, j'ai trente-neuf ans, cinq mois et onze jours. J'ai décidé de commencer une œuvre qui, je le souhaite, s'achèvera avec ma mort. Quotidiennement, où que je sois, je réaliserai une sculpture buccale en chewing-gum. Seul un empêchement majeur me fera rompre cet engagement solennel. Quotidiennement seront notés à la plume et à l'encre : l'heure de la mastication, l'heure de la naissance de la sculpture, la date du vernissage, les événements du monde qui attireront mon attention.»

L'année 90, par exemple, a été placée sous le signe des phallus multiformes et multicolores. Provocation qui emprunte les chemins escarpés de la figuration et de l'éros industriel.

Paris

En ce jour vendredi 25 mai 1990, j'ai mâché ce chewing-gum arôme banane à 20h11 et l'ai déclaré sculpture à 20h16.

Elle a été vernie le 26 juillet 1990.

Ai-je encore le désir de vivre ?

Je regarde la classe avec tristesse. Combien d'années pour obtenir des rideaux épais et noirs ? 8 ans, 10 ans ?

Et les modèles en bois qui trônent au dessus des placards, et ne savent jamais, ça n'encourage pas au travail. Et aujourd'hui ça me démoralise.

Entendu le fils de J. Hubaut (les Tétines Noires) au Pop Club.

Soleil et vent fort.

Etat de la machine : Déprime.

Gilbert Descossy, vendredi 25 mai 1990 - COMPOSITION, 1990

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