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Un extrait de New York City Inferno, film de Marvin Merkins

Publié le par Jean-Yves Alt

JEROME. — Bonjour, comment allez-vous ?

JOHN. — Bien. D'où êtes-vous ?

JEROME. — Je suis Français.

JOHN. — Vous êtes ici uniquement en vacances ?

JEROME. — Bien... en quelque sorte... en quelque sorte... Que faites-vous, ici ?

JOHN. — Je suis étudiant.

JEROME. — En quoi ?

JOHN. — En théologie.

JEROME. — Mon ami m'a dit que tu faisais des tas de choses pour les homosexuels et le militantisme... Et...

JOHN. — Je travaille pour plusieurs organisations « homo ». Je travaille avec des groupes religieux et avec le « natas force » qui est l'organisation la plus importante.

JEROME. — Et que faites-vous ?

JOHN. — Bien, nous faisons différentes choses avec « integrity » qui est l'un des groupes religieux avec lesquels je travaille. Nous avons un programme hebdomadaire, différents orateurs, et nous participons à des activités communautaires afin de rassembler les gens.

JEROME. — Mais maintenant, par exemple, j'ai beaucoup entendu parler d'Anita Bryan, ici... et faites-vous quelque chose contre elle ?

JOHN. — Anita était Miss America il y a dix ans. Elle est alors devenue une chanteuse très populaire, puis elle a fait des publicités à la télé pour les jus d'oranges. Mais elle a commencé ses attaques contre les lois sur les droits des homosexuels... en Floride. Et c'est à ce moment que son nom est apparu souvent sur les journaux. Depuis elle a mis les homosexuels sur le devant de la scène, et ils ont fait des campagnes contre les jus d'orange, en les boycottant ; ils ont fait des défilés de protestation et plus tard des campagnes contre les stations de télé qui passaient des publicités pour les jus d'orange. Elle prétend que tout ce que font les homosexuels est contraire à la bible. Donc la bible dit qu'ils sont dans l'erreur et sont des pécheurs et voilà comment elle nous attaque.

TOM. — Anita Bryan est une fanatique, vrai ; et vous devez agir selon ses propres idées et ceci pour différents propos.

JOHN. — Elle prend la Bible à la légère et je ne crois pas qu'il est possible de continuer longtemps comme cela. La partie qu'elle utilise est vide de sens, et personne ne parle contre l'homosexualité. La Bible parle aussi des femmes qui doivent se taire et de celles qui portent les cheveux courts, et dit que c'est mal. Mais c'était une autre époque et cela n'a rien à voir avec aujourd'hui.

JEROME. — Et que se passe-t-il à New York, vous avez un nouveau maire, maintenant ; est-il progay ou...

JOHN. — Et bien, tous les candidats à la mairie, ont été contactés par la communauté homosexuelle et interrogés sur ce qu'ils pensent sur nos droits. Ed Coch a beaucoup agit pour nos droits…

JEROME. — Qui est-ce ?

JOHN. — C'est le nouveau maire. Et il a beaucoup agi pour nous lorsqu'il était au congrès à Washington.

JEROME. — Et maintenant ?

JOHN. — Et maintenant, il va faire la même chose ici, parce qu'il l'a promis et que nous avons aidé à le faire élire. Nous sommes très puissants maintenant, à New York, et les gens qui se présentent à des élections ne peuvent pas se permettre de nous ignorer. Ils doivent venir nous voir, nous parler et nous dire s'ils ont l'intention de nous aider. Et comme cela, en retour, nous les supportons.

JEROME. — Et voyez-vous des différences entre la vie homosexuelle ici, à New York, et dans les autres villes ?

JOHN. — Oh, oui ! C'est beaucoup plus fermé dans les autres villes. Nous pouvons être beaucoup plus libres et plus ouverts, ici à New York, que dans n'importe quelle autre ville.


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Quand André Breton illustrait Gustave Moreau

Publié le par Jean-Yves Alt

« J'aime beaucoup ces hommes qui se laissent enfermer la nuit dans un musée pour contempler à leur aise, en temps illicite, un portrait de femme qu'ils éclairent au moyen d'une lampe sourde. Comment, ensuite, n'en sauraient-ils pas de cette femme beaucoup plus que nous n'en savons ? » (1)

Gustave Moreau – La Fée aux griffons – 1876

Huile sur toile, 212cm x 120cm, musée Gustave Moreau

(1) Nadja, André Breton, éditions Gallimard/Folio, 1972, p. 132

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« Être jusqu'au bout » par Jean Cocteau

Publié le par Jean-Yves Alt

« ... Intrépide et stupide, il te fallait prendre un parti. Cela limite la difficulté d'être, puisque pour ceux qui embrassent une cause, ce qui n'est pas cette cause n'existe pas. Mais toutes les causes te sollicitent. Tu as voulu ne te priver d'aucune. Te glisser entre toutes et faire passer le traîneau. Eh bien, débrouille-toi, intrépide ! intrépide et stupide, avance. Risque d'être jusqu'au bout. »

Jean Cocteau

in « La difficulté d'être », Éditions du Rocher, 1957


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Acte d'amour par Jean Cocteau

Publié le par Jean-Yves Alt

« Écrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture. Il consiste à obéir au mécanisme des plantes et des arbres et à projeter du sperme loin autour de nous. Le luxe du monde est dans la perte. Ceci féconde, ceci tombe à côté. Ainsi va le sexe.

Le centre du plaisir est fort vague bien qu'il soit fort vif. Il invite la race à se perpétuer. Ce qui n'empêche qu'il fonctionne à l'aveuglette. Un chien épouse ma jambe. Une chienne s'escrime sur un chien.

Certaine plante jadis haute, maintenant atrophiée, fabrique encore pour sa graine un parachute qui tombe par terre avant de pouvoir s'ouvrir.

Les femmes des îles du Pacifique accouchent dans la bouse afin de ne laisser croître que les enfants forts. Par crainte du surnombre, ces îles favorisent ce qu'on a coutume d'appeler les mauvaises mœurs. Les soldats, les manœuvres, les matelots qui s'y livrent n'y voient pas de crime. S'ils l'y voient, c'est que le vice les guette.

Le vice, écrivis-je, commence au choix. J'ai observé à Villefranche, jadis, des marins américains pour qui l'exercice de l'amour ne présentait aucune forme précise et qui s'arrangeaient de n'importe qui et de n'importe quoi. L'idée de vice ne leur traversait pas l'esprit. Ils agissaient à l'aveuglette. Ils se pliaient instinctivement aux règles très confuses des règnes végétal et animal. »

Jean Cocteau

in « La difficulté d'être », Éditions du Rocher, 1957


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Une Crucifixion de Mathias Grünewald vu par Emile Verhaeren

Publié le par Jean-Yves Alt

« La Crucifixion du Musée de Bâle est d'une tout autre qualité d'art. Elle est très caractéristique et très grünewaldienne. Elle contient en puissance les Crucifixions de Colmar et de Tauberbischofsheim. Elle semble un essai, un germe. Pour la première fois, […] on surprend le drame divin tel que Grünewald le concevait ; nocturne, exacerbé et solitaire, se passant là-bas, quelque part, au bout de la terre, en des tête-à-tête terribles.

Le ciel est d'encre. La terre d'une couleur étrangement verte.

Plusieurs personnages forment un groupe sous le gibet : Vierge, Madeleine, saintes femmes.

Le Christ meurt déchiqueté, bouffi, lamentable. Sa peau semble trouée comme une éponge ; elle dégoutte de sang.

Un soldat cuirassé et casqué lève un geste d'attestation et de proclamation, et ce geste fait prévoir celui du saint Jean-Baptiste au Musée de Colmar, un des plus hauts, des plus grands, des plus éloquents qui soient dans la peinture.

Matthias Grünewald – Crucifixion du Musée de Bâle – vers 1502

On peut donc attester non seulement que cette page du Musée de Bâle est un incontestable Grünewald, mais aussi qu'elle a été peinte, avant toutes les autres qui profèrent un sujet identique. »

in Sensations d'Art, Émile Verhaeren, Éditions Séguier, 1989, ISBN : 2877360261, p. 81

 

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