Les bûchers de vanité, Andrée Barbette
A Florence, dans les toutes dernières années du XVe siècle, Savonarole met ses « moines-soldats » de neuf à treize ans au service du combat contre la luxure et la richesse ostentatoires.
Instigateur des « bûchers de vanité où on consumait les objets dont l'usage profane ne pouvait que détourner de la pensée de Dieu », il impose un ordre où les « sodomites » sont « un combustible de choix ».
Malencontreusement au regard de la morale chrétienne, Gugliano, treize ans, chef d'un « commando » de Savonarole, rencontre un de ces homosexuels voués à la vindicte publique, Lucca Tarlatti, jeune peintre de son état. Le garçon entre à son service et découvre bientôt les délices des plaisirs interdits. Une passion ardente unit Lucca et Gugliano qui, au contact de son aîné, ne tarde pas à acquérir une éducation jusque là grandement déficiente.
Il rencontrera même, avec son amant, le célèbre Michel-Ange, pour lequel il n'éprouve pas une vive sympathie.
Autour des deux garçons se nouent diverses intrigues qui, peu à peu, convergent et sont le moteur de nombreuses aventures.
Récit d'une grande violence où la sexualité (sous toutes ses formes) occupe une place de choix, Les bûchers de vanité est un roman déroutant et inhabituel. La cruauté la plus atroce voisine avec le romantisme le plus innocent dans un récit mené tambour battant, où les hécatombes succèdent aux étreintes.
Andrée Barbette, qui dresse un autel à la jeunesse et à la beauté, n'arrive pas toujours à maîtriser l'emploi (excessif) des adjectifs. Imperfections pardonnées, tant elle sait émouvoir, page après page, au récit de cet amour pédérastique, au sens grec du terme, qu'elle élève à la dimension d'un drame antique.
■ Les bûchers de vanité, Andrée Barbette, éditions Mercure de France, 1981, ISBN : 2715212526