« Mon portrait » par Henri-Pierre et Jean-Christophe (*) : là et toujours ailleurs…
Je suis sensible à cette reproduction de tableau du peintre flamand Michiel Sweerts (reçue par courrier). Elle traduit bien mon essence intérieure.
Je retrouve le sérieux de mon visage qui, me dit-on, ne sourit jamais ; les yeux, à la fois fixe et nulle part, qui brillent comme s'ils n'arrivaient pas à évacuer un trop plein de larmes.
Et puis, cette pose corporelle, cette affectation dans ma manière d'être, que je devine volontiers mienne. Ce manque de naturel, où le moindre geste prenant une attitude quasi-risible, fonde ma présence aux autres.
C'est pourquoi, j'aime m'envelopper, me dissimuler, m'empaqueter dans des vêtements simples et aussi raffinés, afin de me fuir… Ah ! Que l'été et ses chaleurs sont détestables !
Je ne sais pas me donner aux autres. Au mieux, offrir, comme ce jeune garçon, que je ne suis plus depuis longtemps, quelques fleurs. Absent. Eternellement absent.
Garçon avec turban et un bouquet de fleurs (Muchacho con turbante y un ramillete de flores), Michiel Sweerts, 1655
Huile sur toile, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid
(*) Henri-Pierre et Jean-Christophe ne me connaissent que par l'intermédiaire de mes écrits. Merci à eux.