Chéri Samba : un art engagé…
Impossible de ne pas rester perplexe devant les grandes toiles de Chéri Samba aux couleurs vives où sont croquées aussi bien des scènes de la vie quotidienne que des allégories socio-philosophiques.
Ses compositions, où l'écrit a toujours une grande place, proposent une représentation du monde perversement naïve. Le peintre s'y fait observateur ironique des rapports humains, que ce soit dans le monde du travail ou dans l'intimité d'un couple.
Avec un humour toujours corrosif, Chéri Samba apporte ainsi à la peinture la verve réjouissante des conteurs moralistes, mettant en garde son public, tout en le distrayant, sur des thèmes qui ne sauraient laisser indifférents : l'éternelle exploitation du pauvre par le riche, l'égoïsme, les ravages de la malaria, et comme ici, le SIDA.
Avec ce regard extrêmement critique, le peintre dénonce l'insouciance face au sida, brisant ainsi le silence qui entoure encore cette maladie dans son propre pays. Il se fait alors éducateur, répétant dans ses toiles par des représentations et des messages simples, accessibles au plus grand nombre, que le sida est encore non guérissable. Ces avertissements réitérés s'expriment par un regard acerbe sur les mœurs, sur la polygamie ou bien encore sur les réticences à utiliser des préservatifs.
Chéri Samba, Le SIDA ne sera guérissable que dans 10 ou 20 ans, 1997
Acrylique sur toile, paillettes et collage, 130 cm x 194 cm, CAAC Genève
Ne craignant pas d'aborder ouvertement ces thèmes liés à la sexualité, Chéri Samba démontre que l'art peut être engagé et porteur de messages précis sans pour autant déchoir.