La rentrée des classes, Jacques Brenner
Si, comme moi, vous êtes sensibles à la personnalité de Brenner, telle qu'elle se révèle, avec pudeur, dans Les amis de jeunesse, vous aurez à cœur de lire La Rentrée des classes. Publié en 1977, cet ouvrage emporte le lecteur, sous le léger voile de la fiction, dans l'enfance de l'auteur, au cœur des Vosges cette fois-ci.
Paul Régnard, le narrateur, a trop de points communs avec l'auteur pour que l'on ne s'autorise pas à lire ce roman comme une autobiographie.
L'enfance, pauvre, de Paul se déroule dans les Vosges et est placée sous le signe d'un premier amour, d'une pureté et d'une passion telles que l'on ne peut en concevoir qu'à dix ans, pour un de ses camarades de classe, Philippe Huyghens, fils de grands bourgeois.
Avec le goût du théâtre, le lecteur retrouve ici la différence marquée des classes sociales, deux caractéristiques singulières de la biographie de Jacques Brenner. L'innocence, sinon l'ignorance, de Paul est telle que, pendant les vacances, il décide d'écrire un premier roman. Cela sera, en fait, une nouvelle d'une vingtaine de pages qui se termine par le mariage de deux garçons. (pp.132-133)
A la fin du livre, la famille de Paul va s'installer à Rouen et ainsi le relais est passé aux Amis de jeunesse...
La lecture de Jacques Brenner est source de grandes joies. Sa sincérité, sa pudeur, sa sensibilité s'expriment avec simplicité et savent heureusement échapper au terrorisme de la mode.
Ecrivain de la mémoire, de sa mémoire, Jacques Brenner se retourne sur sa jeunesse avec une sérénité non dénuée de nostalgie et je ne peux que souscrire à ce qu'il écrit dans La Rentrée des classes : « Le passé m'intéresse plus que l'avenir et je comprends Apollinaire affirmant : "Rien n'est mort que ce qui n'existe pas encore." »
■ La rentrée des classes, Jacques Brenner, éditions Grasset, 1977, ISBN : 2246004624
Du même auteur : Les amis de jeunesse - Les Lumières de Paris