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L'homosexualité initiatique dans l'Europe ancienne, Bernard Sergent

Publié le par Jean-Yves Alt

Alors que l'homosexualité perd son caractère initiatique en Grèce, elle apparaît encore au IVe siècle après J.-C., chez les Germains et chez les Celtes :

Pour les Germains, il y a un texte d'Ammien Marcellin, historien latin du IVe siècle, qui disait des Taïfales, peuple de l'entourage des Goths, originaires du sud de la Suède :

« Nous avons appris que les Taïfales sont un peuple honteux, tellement scandaleux par leur vie obscène faite de libertinage que chez eux les adolescents sont liés à des hommes adultes dans une union d'un genre indicible, cela, pour consumer la fleur de leur jeunesse dans les pratiques répugnantes qu'ils ont chez eux. Ajoutons que lorsque l'un d'entre eux, devenu adulte, est capable de capturer seul un sanglier, ou de terrasser un ours, il est libéré de cette union de débauche. » (p.150)

Quant aux Celtes, au Ier siècle de notre ère, l'historien grec Diodore de Sicile écrivait, scandalisé, en parlant des Gaulois :

« Ils ont de jolies femmes, mais ils approchent d'elles rarement ; ils ont une préférence passionnée onnée pour les embrassements immoraux des mâles. Chose incompréhensible ! Leur habitude est de dormir par terre sur des peaux de bêtes sauvages, et de s'ébattre avec deux partenaires, un de chaque côté. Et la chose la plus étonnante, c'est que n'ayant aucun respect pour leur propre dignité, ils livrent sans résistance leurs beaux corps à d'autres hommes, et ils ne considèrent pas cette pratique comme honteuse ; au contraire, ils proposent leurs faveurs, et, quand on ne les accepte pas, ils considèrent ce refus comme une injure. » (p.179)

On retrouve donc, chez les Germains et les Celtes, le même rapport éraste/éromène que chez les anciens Grecs.

A partir du moment où il semble exister une institution commune aux Grecs, aux Germains, et aux Celtes, alors que ce ne sont pas des peuples voisins, Bernard Sergent s'est posé la question d'un héritage commun, puisque chacun parle une langue indo-européenne.

Le problème, c'est que les Romains ont pratiqué l'homosexualité mais sans aucun caractère initiatique. Chez les Perses, la situation est particulièrement ambiguë. D'après les témoignages grecs, l'homosexualité était courante chez les Perses. Mais d'après les témoignages perses, c'était une activité hautement condamnée (les textes zoroastriens disent que c'est le plus grand des péchés). Les Perses ont-ils pratiqué l'homosexualité par imitation des Grecs ou bien les milieux religieux ont-ils réussi très tôt à refouler une pratique ancestrale ? C'est une question non résolue.

Et, si l'on s'intéresse au pilier fondamental qu'est l'Inde, là, c'est le néant car on n'y parle pas du tout de l'homosexualité, même pas pour la condamner.

Il y a sans doute là un tabou total, car il est plus que probable qu'aucune société humaine n'a ignoré la pédérastie. Si l'Inde n'en a pas parlé, c'est qu'elle ne voulait pas en parler.


L'Homosexualité initiatique dans l'Europe ancienne, Bernard Sergent, Editions Payot, 1986, ISBN : 2228141305


Lire aussi :

L'homosexualité chez les peuples indo-européens par Bernard Sergent

L'homosexualité dans la Grèce antique vue par Bernard Sergent

L'homosexualité telle qu'on la pratiquait dans la Grèce ancienne vue à travers un mythe exemplaire

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R
http://mediolanum-santonum.fr/homosexualite-gauloise.html
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