Le sida, propriété interdite ? par Alain Emmanuel Dreuilhe
« Je ne supporte pas que les civils parlent du sida. Qu'en savent-ils ? Comment peuvent-ils oser y toucher, alors qu'ils n'ont rien, aucune blessure, aucun symptôme ? La seule chose qui me console c'est qu'ils tremblent de peur d'être contaminés, d'être déjà porteurs. .
Je suis toutefois injuste, car, si les bien-portants ne parlaient pas du sida, je leur reprocherais intérieurement leur indifférence, leur manque de cœur. Je voudrais tout simplement qu'ils s'extasient humblement devant nous, acceptent nos humeurs et nos caprices et organisent les secours pour payer leur propre embonpoint. »
Alain Emmanuel Dreuilhe
■ in Corps à corps : Journal de sida, éditions Gallimard/Au Vif du Sujet, 1987, ISBN : 2070711951, page 117