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Les mauvais anges, Eric Jourdan (1955)

Publié le par Jean-Yves Alt

Comment ne pas être ému et bouleversé à la lecture de cette superbe histoire d'amour de deux adolescents ? Les Mauvais Anges, un hymne à la beauté et à la sensualité.

Pierre et Gérard passent ensemble des vacances tranquilles au cœur d'une Touraine ensoleillée. Cousins, ils cèdent vite à ce désir longtemps retenu de mêler leurs corps splendides dans des étreintes passionnées :

« A dix-sept ans, l'amitié est un nom de l'amour » et celui-ci éclate dans toute sa violence adolescente après un premier baiser libérateur au bord de la rivière. La nuit suivante est tout entière consacrée à la découverte fiévreuse de leur plaisir, sans qu'aucune parole soit échangée.

« Nous avions en une nuit voulu connaître tous les secrets de l'amour ; et la rage présidait à cette découverte, à tel point que l'aube éclaira dans ces corps repus, mais non rassasiés, deux jeunes amants doublement mâles par leurs façons de se prendre et de se donner. »

Après de longs mois de silence et d'atermoiements, ils n'ont de cesse d'épuiser leur désir insatiable de l'autre et de reculer les limites de leur plaisir. Leur passion commune est telle que la rencontre de leurs corps, s'effectue sous le signe d'une violence terrible et pourtant naturellement consentie.

Mais une telle union ne peut que susciter la jalousie et la peur autour d'eux. De jeunes voisins, dont ils ont massacré les faucons par jeu autant que par vengeance, s'emparent de Gérard et le violent.

Pierre et Gérard, conscients de l'impossibilité de s'unir totalement, troublés par leur part intime et irréductible de solitude, seront conduits inéluctablement à la mort.

Ultime tragédie mais surtout ultime fidélité de deux amants sur lesquels le temps n'aura plus jamais prise.

Eric Jourdan sait faire naître, avec une maîtrise remarquable, les élans infatigables de la passion qui anime ces deux êtres d'une beauté insolente. Les Mauvais Anges est un récit éminemment charnel, tout entier dédié à la volupté et à la magnificence de la jeunesse. Pierre et Gérard, qui prennent tour à tour la parole pour raconter leur histoire, s'abandonnent avec délectation à la sauvagerie et à la tendresse, à l'orgueil et à la soumission.

Leur amour est délice et torture. Esclaves et maîtres au gré de leur plaisir, ils ne souffrent aucune compromission et préfèrent choisir la mort que subir l'usure que le temps imprime aux sentiments et aux corps.

Les Mauvais Anges conserve aujourd'hui sa force et sa puissance d'évocation inentamées.

■ Les mauvais anges, Eric Jourdan, (1955), Editions La Musardine, 2003, ISBN : 2842711548


Du même auteur : Révolte - Charité


Lire la chronique de Jean-Marc sur son site bibliothèque Gay.

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