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Candeur de ceux qui se demandent comment et pourquoi ils sont "devenus" homophiles par Tony Duvert

Publié le par Jean-Yves Alt

L'homosexualité n'est une souffrance ou une misère que parce qu'on la cantonne dans le cercle du moindre mal ; il faudrait bien qu'on expliquât pourtant quel peut être le genre de misère d'un être libre, dont le cœur est en paix, le corps en santé et la sexualité bien vécue. C'est ce que Tony Duvert écrivait en 1980 :

« Candeur de ceux qui se demandent comment et pourquoi ils sont "devenus" homophiles.

La question aurait un sens si le sexe, dans l'espèce humaine, répondait à un programme biologique précis. On "deviendrait" hétéro comme on devient pubère, sénescent, grand ou gros. Les "perversions" seraient aussi rares que les bébés à six pattes.

Rien de semblable n'existe. Notre sexe naît sans objet, comme notre aptitude à parler est d'abord sans langage. Abandonnez un nouveau-né sur une île déserte, pendant vingt ans, avec des chèvres pour le nourrir. Loin de réinventer la langue française et de fantasmer sur Marilyn, il chevrotera, capricant, épousera ses nourrices à barbiche et à cornes – et il vous renverra, vous et vos idées stupides d'innéité, vous faire embouquer ailleurs.

Quelle stupéfaction ! Il paraît qu'une nette majorité des garçons nés en hétérocratie française parlent français et sont hétéro ! On se demande où ils sont allés chercher ça. La "Nature", sans doute. »

Tony Duvert

■ in L'enfant au masculin, éditions de Minuit, 1980, pp.93-94

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