Agosto, un film de Jorge Silva Melo (1987)
Agosto (Août) se passe vers le milieu des années 60 et dispense un délicieux parfum. Carlos (Christian Patey), professeur de violon et célibataire endurci, retrouve Dario, un ami d'enfance qui veut lui présenter sa femme Alda.
C'est l'été. Un bel hôtel sur une corniche dominant la mer voilà le décor. Carlos y retrouve aussi un de ses élèves qui joue au gigolo avec une femme sur le retour, et il observe ces deux couples si différents.
Ce qui est très troublant chez Carlos, c'est que célibat signifie, si l'on en croit son comportement, non seulement refus de toute attache, de toute contrainte sentimentale, mais aussi absence de désir, détachement de toute possibilité de dépendance sexuelle.
Aucun indice en tout cas d'un quelconque attrait pour les femmes. On ne perçoit qu'une envie secrète de renouer, avec Dario, d'anciens liens d'amitié – mais qui ne peuvent jamais être vraiment interprétés à travers un désir sensuel. On peut encore percevoir un sentiment de tendresse pour son élève, avec lequel il reste cependant très réservé, même lorsque ce dernier semble le provoquer en l'invitant à la rejoindre sur une plage où il n'y a jamais personne.
Il y a manifestement un désir confus de l'élève, bien qu'il drague en vain Alda, pour son beau professeur, mais on en reste aux suppositions...
Un film magnifique, brillamment maîtrisé, et qui dispense un délicieux parfum.
Il y a aussi le plaisir de retrouver l'exquis Christian Patey, révélé par « L'Argent » de Robert Bresson (1983), et apparu dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine : architecte de profession, Christian Patey ne s'est pas laissé piéger par le miroir aux alouettes du cinéma-star, ce qui est terriblement sympathique.