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Quand la peinture d'Histoire rendait la mort géniale

Publié le par Jean-Yves Alt

La peinture d'Histoire fut, pendant près de deux siècles, du XVIIIe au XIXe siècle, de Rubens à Manet, le thème majeur de l'art pictural en Europe.

Représentation de l'homme devenu Histoire, de l'homme en action – et très souvent du héros dans une action ultime, la plus héroïque : la mort – la peinture d'histoire est un miroir des transformations d'une société.

Parmi les nombreuses œuvres, je retiens, Mucius Scaevola devant Porsenna, qui est très largement représentée, successivement par Poussin, Le Brun et plus tardivement Giambattista Tiepolo. C'est l'illustration du caractère viril et vertueux du héros, maître de soi et prêt au sacrifice dans l'intérêt de la nation.

Mucius Scaevola devant Porsenna – Giambattista Tiepolo – 1750/1753

Huile sur toile, 103cm x 120cm, Würzburg, Martin von Wagner Museum

Mucius Scaevola, jeune noble romain, surpris par Porsenna, roi des Etrusques qu'il voulait assassiner, affirme en plongeant son bras droit dans un brasier que le sort qui l'attend le laisse indifférent, sans peur et sans remords.

Ce tableau trouve son juste pendant dans la représentation de Samson et Dalila, l'homme vaincu par la passion, le héros perdu par les femmes :

Ecole de Naples du XVIIe – Samson und Dalila

Huile sur toile, 125cm x 94cm

A la fin du XVIIIe siècle, le héros devient l'expression des vertus de la nation, particulièrement dans les œuvres de David, tel la célèbre mort de Bara, représentant la mort d'un jeune révolutionnaire ( ?), tableau superbe jusque dans son inachèvement :

Jacques Louis David – La Mort de Bara – 1794

Musée Calvet, Avignon

Le torero mort peint par Edouard Manet, annonce, par-delà la mort du héros, la mort de la peinture d'histoire et de sa mise en scène.

Edouard Manet – Le torero mort – 1864/1865

Huile sur toile, 75,9cm x153cm, National Gallery of Art (Washington D.C.)

Je ne peux m'empêcher – pour terminer – de présenter cette magnifique toile de Henry Fuseli, Achille tente de saisir l'ombre de Patrole, le héros triomphant hanté par le souvenir de la mort de l'ami. 

Henry Fuseli (ou Füssli) – Achille tente de saisir l'ombre de Patrocle – 1803

Huile sur toile, 91cm x 71cm, Kunsthaus (Zürich)

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