Gens de la Manchette par Claude Courouve
Rapport de police concernant Claude François Emery, prêtre natif de Paris, âgé de vingt-six ans, chapelain à Gonesse ; rapport de la «mouche», 1725 :
« Etant à me promener au Luxembourg, j'ai été suivi par un abbé qui s'est longtemps promené à côté de moi et, faisant semblant de pisser, s'est branlé le vit ; m'étant approché de lui pour lui dire que l'endroit n'était pas commode, il m'a dit qu'il bandait bien, et a voulu mettre la main dans ma culotte, me demandant si je bandais, et me disant : "Mon cher ami, je t'en prie, défais ta culotte que je manie ton cul." N'acceptant point sa proposition, il m'a pris par la ceinture, voulant mettre la main dans ma culotte et me patiner ; lui ayant dit : "Monsieur l'abbé, je connais un endroit meilleur que cela", il m'a dit qu'il avait l'expérience de son endroit et qu'il ne l'avait pas du mien, en me disant : "Mon cher ami, dépêche-toi, viens que je te baise le cul, je n'en puis plus, ah, je souffre, je t'en prie, manie-moi le cul, patine-moi, viens où je veux te mener, nous y serons à merveille, nous déchargerons dans les cuisses, et de la manière que tu voudras." En me baisant il me poussait sa langue dans ma bouche quoique je fermais les lèvres, et comme je ne voulais point y aller, il m'a quitté. Pendant que j'allais avertir le sieur Symonnet, il est sorti par la porte de la rue d'Enfer, et a été arrêté, de l'ordre du Roi, par Symonnet, et conduit au petit Châtelet sur les 9 heures du soir. »
Extrait de Claude Courouve, Les Gens de la Manchette : document sur l'amour masculin au XVIIIe siècle, Edité par l'auteur, 1978
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