Le Déclin de l'empire américain, un film de Denys Arcand (1985)
Transformation de la famille, remise en cause du mariage, augmentation des divorces, libéralisation des mœurs… Denys Arcand, fort de ces constatations, a reconstitué une cellule, composée d'éléments féminins et masculins, hétéros et homos.
Son film est bâti sur trois volets très denses :
▪ les femmes au bain
▪ les hommes à l'apéro
▪ tous ensemble autour d'un repas convivial
Qu'est-ce qu'ils se disent ? Tout et n'importe quoi. Chacun évoque sa propre expérience et ses angoisses dues aux contraintes imposées par une civilisation qui laisse peu de temps à l'expression individuelle.
Chacun parle de sa libido, parfois caricaturalement. Chaque intervention, pourtant, révèle – d'une façon représentative – les frustrations de chaque protagoniste.
Il y a Claude (Yves Jacques), un gay, fier de son identité d'homosexuel, qui préfère, depuis la mort de son amant, vivre seul afin de pouvoir profiter librement des joies de la drague :
« Si j'étais capable, je draguerais tous les soirs. Je le fais moins maintenant, je n’arrive pas à donner mes cours le lendemain. Mais c'est vraiment juste quand je drague que je me sens en vie. C'est effrayant comment je me sens quand je sors. Je suis vraiment fou. Je deviens électrisé. Sauf que moi c'est dangereux. J'ai un de mes amis qui s'est fait poignarder dans sa douche. Mais c'est plus fort que moi : il y a des soirs où il faut que je baise avec un gars. À la limite, n'importe qui. Comme un chat de ruelle qui rôde. C'est incroyable la force de ça. Je me fais voler en permanence dans mon appartement. Les gars partent avec mes disques, mes bouteilles de vin, ma montre. Pourtant, je ne suis pas naturellement courageux physiquement. Mais quand ça me prend, je suis capable de partir en expédition à quatre heures du matin dans les saunas du centre ville à Los Angeles, dans les bars effrayants du quartier Saint-Paul à Hambourg. C'est pour ça que je vis seul : tous les matins, je ne sais jamais comment la journée va finir. Même s'il s'est rien passé, je sais que la possibilité est là... »
Le "Déclin" ressemble aux conversations intimes et passionnelles que l'on partage avec ses proches. Un film amer sur la liberté sexuelle et ses conséquences.