La prunelle des yeux, Béatrix Beck
Voir loin, c'est ce que joue à merveille l'un des personnages de La prunelle des yeux.
Simon Lebarque est devenu aveugle. Le monde apparent devenu opaque, il entre dans la lumière de l'imaginaire. Il décide d'être écrivain. Il entre aussi dans l'amour, grâce à Esteban (Stéphane), un adolescent.
Simon et Stéphane s'embarquent pour l'éternité, unis sans complexes, heureux l'un de l'autre. Simon ne peut plus se passer de Stéphane : la prunelle de ses yeux !
Livre attachant, roman léger dans son écriture, ses dialogues, récit drôle où cohabitent la mère d'Esteban, jeune veuve, concierge espagnole et Angélique, très jeune fille-mère d'une Dolorès, sans douleurs...
Béatrix Beck est une grande artiste doublée d'une sublime femme, indigne et pudique. Elle voit loin et renvoie dos à dos les censeurs, les tragiques, les militants : ça fait du monde, du monde aveugle.
Car, Simon l'aveugle et Esteban, le fils d'émigrés, s'aimeront dans l'allégresse. Angélique quittera l'homme qui a bien voulu l'épouser et adopter son enfant. Dolorès deviendra une femme indépendante, intelligente, avide de réussite. Le monde à l'envers !
Pendant ce temps, Mme Abenzoar, la mère et grand-mère de ces monstres, rejoint son Espagne natale et s'ennuie. Un petit livre cocasse, tendre qui, sans y toucher, fait prendre conscience de mes lourdeurs, de mes aveuglements, bref du refus prétentieux du bonheur.
■ La prunelle des yeux, Béatrix Beck, Editions Grasset, 1986, ISBN : 2246368316
Du même auteur : Recensement - Grâce - Stella Corfou - Un(e)