Maman est morte, Gilles Leroy
Phase terminale
Il ne suffit pas d'être ému pour émouvoir. Dieu merci, Gilles Leroy est un véritable écrivain et le récit des derniers instants de sa mère, emportée à toute allure par un cancer du sein, est strictement bouleversant.
Maman est morte se présente comme un journal de bord où l'auteur note, jour après jour, les joies, les espoirs, les rémissions, et finalement le lent et inéluctable grignotage de la maladie : la mort progressive d'une illusion vitale à laquelle le fils s'accroche de toutes ses forces.
Elle est belle, cette histoire d'amour "sublime et monstrueuse" entre une mère si jeune et si désarmée et un fils qui ne vit que pour elle et que par elle : relation de confidence, de connivence, dont Gilles Leroy s'épuisera à retrouver un écho dans ses galères affectives auprès des garçons. Et puis, il y a la mort proprement dite et salement assénée : la ronde des paperasses administratives et des formalités mortuaires.
Et puis il y a la nuit, ravagée d'alcool et d'incantations, la nuit dont le fils perdu ne sortira plus jamais. Tour à tour naïf et lucide - de cette lucidité corrosive qui met à nu la nullité bourdonnante des existences de chacun -, Gilles Leroy établit avec son lecteur, à force de rapprochement et de distance, une relation de fraternité écorchée.
■ Maman est morte, Gilles Leroy, Editions Mercure de France, 1994, ISBN : 2715219040
Du même auteur : Champsecret - Les derniers seront les premiers - Madame X - Les maîtres du monde