Giotto ou quand les paroles sont traduites par des gestes
Marie-Madeleine, vêtue d’une cape rouge – véritable métaphore imagée de l’amour brûlant qu’elle voue à son Sauveur – a reconnu Jésus et se prépare à se précipiter vers lui.
Agenouillée, elle tend les mains – avec assurance et conviction – pour s’emparer de son Christ. Ses mains humaines expriment son désir immédiat de l’avoir auprès de lui. Ses bras, en position horizontale, pétrifiés, montrent pourtant qu’elle ne pourra l'atteindre, car son Sauveur n’appartient plus au monde terrestre. Le corps de celui-ci est déjà tourné vers l'extérieur. Entre la main droite du Christ ressuscité qui invite à la patience et les mains avides de Marie-Madeleine, il y a dorénavant un vide infranchissable.
Leurs gestes expriment une relation d'amour totalement déséquilibrée.
Giotto di Bondone – Fresque de la vie de la Vierge et du Christ (détail) – vers 1305
Chapelle Scrovegni, Padoue
Il ne reste plus à Marie-Madeleine (et aux hommes) qu’à méditer la parole du Christ incarné : « Ne me touche pas ! » [Noli me tangere ! en latin]
Dans cette fresque, j’aime à songer que les mots du Christ puissent devenir « Ne me retiens pas ! », tant le désir de Marie-Madeleine, visible dans ses mains, traduit l'idée de s’agripper à son sauveur.
En peinture, les gestes peuvent aussi « traduire » des mots...