Quand le Christ avait un sexe...
A la Renaissance, au sud comme au nord des représentations artistiques du Christ, enfant et adulte, le montraient généralement nu : tout sexe à l'air. Durant cette période, qui commence un peu avant 1400 et se termine après la moitié du XVIe siècle, l'art religieux était plus explicite et moins pudibond qu'il ne le sera par la suite.
Vers la fin du XVIe siècle, en effet, voiles et repeints recouvriront les parties naturelles du corps du Christ, ainsi que de nombreuses restaurations ont pu le révéler.
Comment et pourquoi tant de liberté dans l'art religieux de la Renaissance, suivie d'un véritable mouvement de censure ?
C'est à ces questions que répond le livre de Léo Steinberg. (1)
Maerten Jacobsz van Heemskerck, Homme de douleurs, vers 1525
(laissez traîner votre curseur pour faire apparaître un autre tableau de cet artiste ou cliquez si cela ne fonctionne pas)
Léo Steinberg conclut que pour ces artistes (pour ce lien, voir 2) :
rédemption = érection.
Etait-ce la meilleure manière pour l'Eglise de montrer qu'après sa mise en croix et sa mort, le Christ a ressuscité en montrant que le sang s'est mis à circuler à nouveau dans tout son corps d'homme ? La métaphore graphique était risquée dans le sens où elle pouvait être interprétée de façon… grivoise.
(1) La sexualité du Christ dans l'art de la Renaissance et son refoulement moderne de Léo Steinberg, Editions Gallimard, Collection L'Infini, 1987, ISBN : 2070710998
(2) Hans Léonhard Schaufelein, Crucifixion, vers 1515