La plus grande partie de la vie… par Edward Morgan Forster
« La plus grande partie de la vie est si terne qu'il n'y a rien à en dire, et les livres et les discours qui tentent de lui donner un intérêt sont obligés d'exagérer dans l'espoir de justifier leur propre existence.
A l'intérieur du cocon tissé de travail et d'obligations sociales, l'esprit des hommes somnole la plupart du temps, enregistrant des alternatives de plaisir et de douleur, mais sans rien de la vivacité que nous nous attribuons.
Il y a des moments, dans les jours les plus secoués, pendant lesquels rien n'arrive ; nous continuons, il est vrai, à nous exclamer :
"Comme je suis heureux!" ou "C'est horrible", mais c'est sans sincérité. "Dans la mesure où je ressens quelque chose, c'est de la joie, c'est de l'horreur", il n'y a en nous rien de plus que cela et un organisme parfaitement adapté demeurerait silencieux. »
in La route des Indes – 1924