Johan, carnet intime d'un homosexuel, un film de Philippe Vallois (1976)
Un cinéaste inspiré par l'amour qu'il porte à un garçon, Johan, décide de le mettre en scène dans un film. Mais Johan est en prison. Le film se fera quand même…
Johan aurait dû être l'interprète du film que le narrateur veut tourner : il ne sera que l'Arlésienne du film de Vallois. Il sera sans cesse question de lui, de sa beauté, de ses qualités, mais jamais nous n'aurons le bonheur de le voir apparaître.
Le cinéaste est donc en panne d'interprète, il lui faut trouver un remplaçant. Sa quête le conduit alors dans les milieux homosexuels : amis, ennemis, remplaçants de Johan. Mais après avoir fait le tour du milieu gay qui inclut l'inévitable fille à pédés et la maman compréhensive au discours plein d'intelligence, il devra se résigner à attendre la libération de Johan.
Malgré les conventions aliénantes du ghetto, semble dire Philippe Vallois, le cœur a encore sa place et l'amour de deux êtres peut triompher.
Avec son air de reportage, ou même parfois de cinéma-vérité qui nous fait passer des Tuileries (comme si Vallois rendait un hommage malicieux à ce lieu) au sauna, du sauna aux fantasmes dernier cri, Johan est une histoire d'amour entre un jeune cinéaste et son ami incarcéré.
Ce film datant de 1976 n'a rien perdu de son intérêt : autant par l'originalité de son découpage que par son aspect documentaire sur les changements qui commençaient alors à bouleverser le mode de vie homosexuel en France. Ce qui aujourd'hui est devenu banal même si tout le monde n'y est pas accroché (poppers, gadgets multiples, conformisme d'une nouvelle uniformisation de l'apparence, etc.) était encore à l'époque très marginal.
La petite histoire : A sa sortie, en 1976, Johan faillit être classé X, si le réalisateur n'avait consenti à la coupure de quelques phallus.
Du même réalisateur : Haltéroflic (1983) - Nous étions un seul homme (1978)