Photos de mariage… « Instants anonymes »
Il y a quelques jours, je découvrais avec intérêt une exposition, au Musée d’Art Moderne de Strasbourg, intitulée « Instants anonymes » mettant en lumière des photographies banales cantonnées jusqu'alors au champ de l'intime familial : la voiture, les vacances, le mariage, les enfants, le travail, la photo mortuaire...
Ces photographies, dont aucune n’est un chef-d'œuvre, ne comportent pas d’indication de lieu, de date ou d'auteur. Elles sont « sans voix » depuis que la mémoire qui éclairait leurs contextes, nommait leurs figurants, évoquait leurs circonstances, s’est éteinte.
Pourtant, ces photographies que j’ai vues dans cette exposition (plusieurs centaines) s'inscrivent dans ma mémoire en trouvant écho dans mes propres souvenirs.
Ces images – en tant que matière malléable – ont montré ainsi leur dimension sentimentale et onirique.
La section « mariage » m’a particulièrement marquée. A mon retour, j’ai consulté les photographies de ma propre famille. Et je les ai regardées autrement.
Tout y était : la robe blanche (sauf ma grand-mère paternelle, en noir), la bague, le petit mari, les fleurs… Après cette exposition, je n’ai plus revu ces photographies comme avant.
Tout y était dans chacune de ces photographies de mariage (malgré les difficultés de l’après-guerre). Et, pourtant, il y avait sur le visage du marié ou de la mariée – rarement sur les deux à la fois – ce regard qui semblait dire « Ce jour, je ne l'imaginais pas comme ça ! » ou « Serais-je heureux/heureuse ? ».
Ma vision de ces jeunes couples venant de convoler, que je trouvais jusque-là, à la fois émouvante et ridicule, belle et kitsch, ne pouvait plus appartenir qu’au seul domaine du rêve mais aussi à celui du cauchemar.
Malgré mes doutes quant à l'utilité de ce rituel, je ne peux – encore aujourd'hui – m'empêcher de le rêver. Comment est-ce possible, moi qui suis plutôt cynique, névrosé, ne croyant pas à l'amour éternel et aux contes de fée ?