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Maurice Sachs d'Henri Raczymow

Publié le par Jean-Yves Alt

Comment devient-on un agent de la Gestapo quand on est un écrivain juif et homo ?

En 1944, Maurice Sachs est emprisonné à Hambourg. Il a trente-huit ans et il ne lui reste guère plus d'un an à vivre. L'essentiel de son œuvre est écrit, mais loin encore d'être publié. Arrivé en 1942 dans ce port allemand, comme simple ouvrier (engagé volontaire), il y devient ensuite un agent actif de la Gestapo. C'est pourtant cette même Gestapo qui le jettera en prison quelques mois plus tard. Non pas parce qu'il était juif (un bon motif) ni même homosexuel (un autre bon motif), mais parce que Sachs, aventurier par excellence, n'aura jamais été capable de servir sérieusement un autre maître que celui qui présidait aux caprices de son propre destin. Ange du mal par essence, traître et escroc par vocation, amoraliste par philosophie et écrivain par-dessus tout, qui était donc, en définitive, Maurice Sachs ?

Né dans le même milieu social que celui de Marcel Proust (une bonne génération après cependant, et sans la chaude affection maternelle et grand-maternelle qui entourait l'auteur de la Recherche), Maurice Sachs a plutôt tourné comme Jean Genet. A cette différence près qu'il laisse loin derrière lui son proche cadet en « voyoucratie littéraire » dont la vie, par comparaison avec celle de Sachs, apparaît – rétrospectivement – passablement embourgeoisée.

En 1944 donc, sentant venir sa mort prochaine (il rêve pourtant à de grands voyages en Orient, après la guerre) et ayant mis à profit ses longs mois d'incarcération pour achever ses Mémoires, Sachs rédige sa propre notice autobiographique.

Voilà comment il résume sa vie :

« Maurice Sachs est né à Paris en 1906. Sa famille tenait d'un côté à la bourgeoisie du négoce, de l'autre aux lettres et à la musique. Son grand-père qui avait été l'un des soutiens de Jaurès et de Briand, et l'un des douze fondateurs de L'Humanité, était l'ami intime d'Anatole France. Sa grand-mère avait épousé Jacques Bizet, fils du compositeur de Carmen et de madame Bizet-Strauss dont le salon était célèbre, qui protégeait Marcel Proust et dont les saillies d'esprit ont servi à tracer le portrait de la duchesse de Guermantes. Sachs pénètre dans le milieu des arts ; il rencontre Jean Cocteau, s'affide aux jeunes qui l'entourent, monte pour la première fois sur la scène à l'époque des Soirées de Paris du comte de Beaumont. Mais ces milieux sont travaillés par d'autres pensées que celles de la poésie. L'influence de Jacques Maritain s'y fait sentir, Sachs se lie d'amitié avec le philosophe néo-thomiste, s'exalte et entre au séminaire des Carmes, bien sincèrement persuadé de sa vocation pastorale. Mais le service militaire verse une eau froide sur cette fièvre religieuse. Il quitte le séminaire, et se jette dans les folies. Passe en Amérique, s'y débrouille au mieux, y reste quatre ans et revient en France. André Gide l'y protège. Il commence à publier et sa vie, dès lors, aurait pu prendre un tour plus sérieux si Sachs n'avait eu un caractère indisciplinable, et si la guerre, enfin, qui rompt les résolutions les meilleures, n'était venue à la traverser. Sachs, contraint par des revers de famille, de gagner sa vie dès l'âge de dix-sept ans, et ne sachant rien faire, s'est livré, sans calcul et sans prudence, à cette grande Aventure amorale qui tente ceux qui se sentent propres à tous les états, et ne peuvent se consacrer à aucun. Il s'est abandonné à cette existence d'intrigues et d'enthousiasmes, de farces et de malheurs, d'expédients et de plaisirs, qui l'a porté de pays en pays et de métier en métier. Journaliste, comédien, religieux, fonctionnaire, commis chevalier d'industrie, marchand, critique, agent secret, ouvrier d'usine, conférencier célèbre aux Etats-Unis, puis mendiant obscur, il s'enivrait d'alcools et de rêve avec Nietzsche dans une poche et Casanova dans l'autre. Homme des villes et des campagnes, reçu dans bien des salons, adulé dans bien des milieux, renié par bien d'autres, Sachs a beaucoup vu et beaucoup vécu : mais ce qu'il sait, il l'a payé son prix. La passion des lettres lui est venue très tôt ; il les a cultivées sans cesse malgré les vicissitudes extraordinaires. Mais sa singulière existence explique le mélange de traits intéressants et d'articles inégaux ou hâtifs qu'offrent les écrits de sa jeunesse (...). Moraliste sceptique et pessimiste joyeux, sa philosophie consiste à reconnaître que l'homme si méprisable qu'il soit est toujours digne d'amour et si aimable soit-il peut être encore méprisé... »

Voilà qui est bien écrit et globalement juste après avoir fait la lecture de la très documentée biographie de Maurice Sachs par Henri Raczymow. Bien sûr, il y aurait quelques correctifs, quelques précisions à apporter à cet auto-résumé. Sur sa mort qu'il ne pouvait rédiger et qui permet de voir la part qu'il faut sans cesse faire chez Sachs entre la légende et la réalité. Philippe Monceau, qui avait fricoté avec le Maurice Sachs gestapiste de Hambourg, a publié en 1950, avec l'aide d'André Du Dognon, dans « Le dernier sabbat de Maurice Sachs », son témoignage sur la fin tragique de l'auteur. Voilà comment Henri Raczymow résume les faits, selon la version de Philippe Monceau :

« De nombreux détenus dans la prison de Fuhlsbüttel l'étaient du fait de Sachs. Plus l'issue de la guerre approchait, plus les prisonniers étaient certains de la défaite de l'Allemagne, plus grandissait leur haine à l'égard de Sachs, leur désir d'en tirer vengeance le moment venu. Au printemps 1945, quand ils entendirent tonner les canons anglais aux portes de Hambourg, les Allemands déguerpirent de Fuhlsbüttel. Livrés à eux-mêmes, les détenus, dans chaque chambrée, à l'aide d'une table utilisée comme bélier, défoncèrent les portes et délivrèrent leurs codétenus. Au rez-de-chaussée, les prisonniers des cellules individuelles avaient tous été mitraillés. Sauf l'un d'eux : Sachs. "Ils nous ont laissé Maurice la tante" fut le bruit qui se répandit aussitôt comme une traînée de poudre. Les ex-détenus se précipitèrent dans la cellule de Sachs. Sachs tremblant, apeuré, […] s'était réfugié dans le fond de la cellule [...] Salope, ordure, enculé, ponctuaient les coups qu'il recevait en râlant [...]. Il s'appuyait au mur, son visage amaigri, moite de sueur et de sang, il subissait les injures et les coups avec des gémissements et parfois un cri de douleur. Lorsqu'il allait s'affaisser, une espèce de colosse au crâne tondu l'empoignait et le recollait au mur comme un chiffon. Bientôt, son corps ne fut plus qu'une masse sanglante et informe, une bouillie de chair, d'os et de sang. Et comme on perçut sous les fenêtres les hurlements des chiens bergers allemands abandonnés là, quelqu'un lança : "Y a qu'à leur foutre la tante à bouffer". Ce qui fut fait. Le cadavre de Sachs fut livré aux chiens affamés. »

Autant le dire tout de suite, cette version est entièrement fausse. Version trop belle pour être vraie, comme le montre de manière indiscutable Henri Raczymow dans son livre.

En fait, lorsqu'en 1945, les Anglais arrivent aux portes de Hambourg, les Allemands ont pris la fuite en emmenant leurs prisonniers. C'est au cours de leur longue marche vers la mer du Nord que Maurice Sachs, épuisé et refusant de reprendre la route, a été abattu d'une balle dans la nuque par un SS, le 14 avril 1945 à 11 heures du matin. Pourtant cette légende sera tenace.

Maurice Sachs s'appelait en fait Maurice Ettinghausen. Sachs est le nom de sa mère, Andrée. De son père, Herbert Ettinghausen, Sachs ne sait rien et ne voudra jamais rien se savoir. En 1912, Maurice a alors six ans, son père divorce d'avec sa mère et disparaît à tout jamais de leur vie. Quant à Andrée Sachs, ce n'est guère mieux. Pas très maternelle avec son fils unique, qu'elle l'abandonne bien vite à une nurse anglaise ; elle disparaîtra, complètement elle aussi, de la vie de Maurice lorsqu'il aura seize ans. De sa prime enfance, Maurice, d'habitude si volubile concernant les détails de sa vie, écrit qu'elle « n'intéresse personne ni moi-même » et il ajoute « Tout est gris et uniforme dans mes souvenirs. Dix ans de silence et d'ennui. » Sur cette période on apprend seulement qu'Andrée voulait une fille, et qu'ainsi, pour être aimé de sa mère, en vain, le petit Maurice désirera toujours être une fille, lui aussi. D'ailleurs, dès sa petite enfance, il scandalisera sa nounou en tenant à tout prix à « pisser assis ». C'est au fait que sa mère ne voulait pas de garçon, que Sachs – qui plus tard subira une analyse – attribue sa honte d'exister, le mépris qu'il portera toujours à sa propre personne et aussi son homosexualité.

A dix-sept ans, Maurice Sachs est livré à lui-même. Sa mère, fuyant les créanciers, s'est réfugiée à Londres. Elle reviendra à Paris, seulement dans les années 50, après la mort peu glorieuse de son fils. Celui-ci, commençant à atteindre une certaine notoriété, elle va enfin s'en occuper, via son œuvre posthume et ses droits d'auteur.

Encore adolescent, Maurice Sachs pénètre très rapidement dans le gai Paris de l'entre-deux-guerres. Commence pour lui ce qu'il appellera, pertinemment, la période des « travaux forcés de la frivolité » : le programme de toute sa vie. Ses livres, « Au temps du Bœuf sur le toit » ou « Le Sabbat », témoignent de cette jeunesse orageuse. Cultivé, séduisant, amusant la galerie par ses imitations ou ses propos mondains ou indiscrets, Maurice Sachs n'a aucun mal à s'introduire dans le monde et le demi-monde branché de l'époque. Il inaugure aussi la période des petits boulots et des premières indélicatesses. Celle également des premières dettes, Maurice aime les belles chemises de chez Charvet, les foulards de soie, les vestons bien coupés, les dîners fins.

Par ailleurs, jeune et séduisant, il prend déjà le pli de couvrir ses petits amis de cadeaux. Sachs, qui fréquente aussi les bals homos de l'époque où il lève gouapes et autres gigolos, aura toute sa vie recours aux amours tarifées. Se méprisait-il trop pour penser qu'on puisse l'aimer pour lui-même ? Pourtant, même vers la trentaine, alors qu'il aura monstrueusement engraissé (plus de 100 kg) et perdu une bonne partie de ses cheveux, tout le monde s'accorde encore pour témoigner de l'immense pouvoir de séduction qu'exerçait Maurice Sachs. Constamment, au cours de sa vie, il réussira à mettre dans son lit les garçons qu'il a désirés. Et cela jusqu'à la fin. A preuve cet autre témoignage de Philippe Monceau, rapporté par Henri Raczymow.

La scène se passe à Hambourg au printemps 1943. Sachs, redevenu Maurice Ettinghausen (ça sonnait plus aryen), est introduit par Monceau auprès d'un autre agent français de la Gestapo, le jeune Paul Martel, également homosexuel :

« Ils le rencontrèrent sur l'Alstersee, naviguant lui aussi, en compagnie d'un membre de l'Afrika-korps qu'il tenait par la main. Monceau arrime les deux voiliers et s'embarque avec Sachs dans celui de Martel. Alors, Sachs y va de son inusable numéro de charme, parlant anglais avec Werner, l'ami allemand de Martel. Ils mangent des gâteaux, débouchent deux bouteilles de vin d'Alsace. Et Monceau et Martel d'en venir à l'objet de cette rencontre : ce qu'on peut faire de Maurice Ettinghausen. L'avis de Martel tombe sans attendre : les services de la Gestapo. Il fera aussitôt une lettre à l'attention de Christian Mathisen, Oberkriminalsekretär, qu'il remettra à Sachs. A l'issue de cet après-midi entre hommes, Paul Martel fera cette confidence à Philippe Monceau : "Vois-tu Philippe, moi qui n'ai que de beaux garçons, je ne pourrais, s'il me le demandait, refuser de coucher avec lui." »

Très rapidement, Paul Martel deviendra l'amant de Maurice Sachs. Ce qui ne l'empêchera pas, quelques mois plus tard, de dénoncer le laxisme et le double jeu de Sachs, avec lequel il est chargé d'infiltrer les milieux français de Hambourg, à leurs supérieurs de la Gestapo. D'où l'emprisonnement de ce dernier, et sa mort. Comme quoi, d'une manière ou d'une autre, en amour, Sachs aura toujours payé.

Malgré tout, Sachs connaîtra deux grandes passions. La première avec Henry Wibbels, un jeune et beau Californien qui partagera sa vie entre 1933 et 1937. Et plus tard, en 1941, avec un garçon d'une beauté parfaite, Alcibiade retrouvé : il s'appelle Robert, Bob pour les intimes. L'un et l'autre des amants de Sachs, que celui-ci entretiendra totalement, magouillant et volant pour cela, le quitteront tour à tour, lassés.

Outre les amours, la vie de Sachs sera traversée par de solides amitiés. Solides amitiés qui elles aussi tourneront mal. Au commencement il y eut Cocteau, prince du verbe. Maurice a dix-sept ans lorsqu'il rencontre le poète. C'est un Cocteau de trente-cinq ans, fumeur d'opium et veuve inconsolable de Radiguet qui lui ouvre les bras. Dans ces années-là, on verra Sachs aimer, vénérer, idolâtrer Cocteau comme son dieu, son modèle, son maître. C'est d'ailleurs sur les pas de Cocteau, alors ramené à Dieu par Jacques Maritain, que Sachs se fera séminariste et même prêtre. Tout cela le plus sincèrement du monde. Ce qui n'interdira pas à Sachs de profiter d'un séjour de Cocteau à Villefranche, pour déménager les manuscrits et objets d'arts qui se trouvaient dans la chambre du poète, rue d'Anjou, et de les vendre à son profit. Cocteau lui pardonnera.

Ce qu'il pardonnera moins, quelques années plus tard, c'est lorsque Sachs le fera proprement chanter, lui proposant de retirer, moyennant finance, les quelques pages désobligeantes sur lui à paraître dans « Le sabbat ».

C'est pour des raisons identiques, qu'en 1935, Max Jacob mettra fin, définitivement, à la profonde amitié qui le liait depuis dix ans à Maurice Sachs. Max Jacob n'appréciera pas du tout le portrait peu amène que tracera de lui Maurice Sachs. Pourtant, entre le garçon de vingt ans et le poète de cinquante ans, s'était créée, dès 1926, une solide relation : Max Jacob déclarant à qui voulait l'entendre que son cher fils (Maurice Sachs) serait un jour un grand écrivain. Curieux de voir la similitude de destin et la différence des voies suivies par ces deux hommes. Max Jacob, homosexuel tiraillé par sa sensualité, poète subtil, juif converti au catholicisme, homme très pieux, baptisé par Cocteau, finira, lui aussi en 1945, mais pour d'autres raisons, dans un camp nazi.

La biographie d'Henri Raczymow conte aussi, dans le détail, la relation nouée entre Violette Leduc et Maurice Sachs. Une version qui fait pendant avec celle donnée par Violette Leduc dans « La bâtarde ». Cette dernière aima passionnément Maurice Sachs, bien avant de s'éprendre d'amour pour un autre homosexuel maudit, Jean Genet. C'est probablement parce qu'il était excédé par les incessantes pleurnicheries de cette grande amoureuse, avec laquelle il s'était réfugié quelques mois en Normandie, que Maurice Sachs a décidé de partir brusquement pour Hambourg, à la rencontre de son fatal destin.

Après les premiers mois d'euphorie comme ouvrier à Hambourg, Sachs se lassera de sa dure condition de prolétaire et ne verra plus en ses « camarades » qu'un « troupeau de cons ».

C'est alors qu'il demande à Violette Leduc, seule condition pour qu'il puisse retourner en France et résilier son engagement, un certificat de grossesse. Violette obtiendra ce faux document d'un médecin complaisant, mais, après hésitation, le déchirera, écrivant à Sachs qu'elle n'a pu obtenir ledit certificat. A la suite de quoi Sachs quittera l'usine pour la vie plus lucrative d'agent secret.

Au chapitre des amitiés de Maurice Sachs, il faut parler aussi d'André Gide, qui l'introduisit à la NRF, et également de Gaston Gallimard, qui refusa presque tous les manuscrits de Sachs de son vivant mais les publia dans les années 50. Deux hommes que Sachs admirait pour leur droiture morale, principalement. Car, contrairement à ce que l'on pourrait croire et conformément au principe des extrêmes qui s'attirent, Maurice Sachs, toute sa vie, cherchera le contact des personnes morales qu'il admire et auprès desquelles il espère se réformer. Nostalgie de la pureté, de la droiture, des racines aussi chez Sachs, qui enviera ses amis qui vivent en couple, dans l'harmonie, tels Jacques et Raïssa Maritain, Marcellin et Madeleine Castaing, Pierre Fresnay et Yvonne Printemps.

Malgré tous ses efforts, toutes ses tentatives, jamais Maurice Sachs ne parviendra à franchir la frontière qui sépare le mal du bien. Il aura tenté de devenir plus chrétien que Cocteau en se faisant prêtre, plus communiste que Gide (le Gide d'avant le voyage en URSS) en écrivant un éloge de Maurice Thorez (« Maurice Thorez et la victoire du communisme », 1936) ; il voulait être reconnu en tant qu'auteur et ne le sera qu'après sa mort. Cherchant un maître à penser, un statut social, des racines, un ordre moral, il sombrera dans le nazisme. Et là encore, il ne se fixera pas et les nazis le liquideront.

Après la publication du « Sabbat », en 1947, les jugements n'ont pas manqué. Les vrais critiques, tels Robert Kanters, Maurice Nadeau ou Etiemble, sur le strict plan littéraire, y sont allés de leurs éloges. Sur le plan « moral » les avis ont été plutôt contraires. Aragon a crié au scandale contre cette publication, affirmant que Maurice Sachs s'était fait naturaliser Allemand (faux), qu'il avait servi la Gestapo (vrai) et qu'il avait été fusillé par les Alliés (encore faux). Comme quoi les staliniens ne s'embarrassaient pas de la vérité.

Aux jugements sans appel, on peut préférer le témoignage, plus chrétiennement charitable, de Raïssa Maritain qui, tout autant indignée par la lecture du « Sabbat », écrit cependant à un ami :

« Il y a un autre mérite à son crédit, c'est que tout le mal qu'il a fait, il ne l'a pas déguisé en bien par de fausses théories, comme l'ont fait des auteurs renommés et couverts de gloire, mais le mal il l'a appelé mal ; et le bien, s'il n'a pas eu la force de le rechercher réellement, il a du moins aspiré vers lui, il a certainement souffert de ne pouvoir y atteindre. Dieu seul peut savoir le degré de sa responsabilité dans le mal ; pour nous qui connaissons un peu le lourd héritage qu'il a reçu des siens, ne le jugeons pas... »

■ Maurice Sachs d'Henri Raczymow, éditions Gallimard, 1988, ISBN : 2070713768

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