Les barricades mystérieuses, Olivier Larronde
Il est né en 1927. Il est mort à trente-huit ans, noyé d'alcool, trois ans avant 68. Son premier livre de poèmes portait un titre prémonitoire et superbe : "Les barricades mystérieuses". Il avait dix-neuf ans.
Ce jeune inconnu fascina quelques grands de la littérature : Cocteau, Genet, Leiris, Queneau, Rinaldi. Il vécut enfermé dans une maison baroque, avec son ami Jean-Pierre Lacloche. Tous deux étaient d'une extrême beauté. On pense terriblement aux Enfants terribles de Cocteau. Sa sœur, surdouée, mourut à quatorze ans. Olivier ne s'en consola pas.
« Je me dispute avec le soir fragile et casse
Casse comme une vitre et j'ai plusieurs cadavres.
On me recueille, on me recolle, et on se lasse :
Je couche avec un coin de mur que mon air navre. »
Olivier Larronde est le poète mythique qui, mort, dicte à Orphée des phrases sublimes.
Bien sûr, on s'interroge sans fin. On voudrait tout savoir.
Quel désir le hantait dans ses excursions nocturnes ?
Et cette amitié qui les collait, inséparables, Olivier et Jean-Pierre, deux demi-dieux désinvoltes affamés de désir, comme René Char dont il est dit – incidemment – qu'il était tombé amoureux fou du jeune poète ?
« Encore que ses soupirs n’enfleraient qu’un mouchoir,
Mieux sait-il écorcher et de mort émouvoir
Cette échine rebelle, où décevoir vos forces
Vents qui vous essoufflez à la rompre d’entorse. »
Et toujours cette même énigme : la beauté et le génie n'épuisent pas la nuit. Alors lisons les poèmes d'un des plus grands, ce jeune Olivier Larronde dont Angelo Rinaldi écrit en 1980 : « On s'apercevra dans trente ans qu'il était aussi important que Rimbaud. »
■ Les barricades mystérieuses, Olivier Larronde, éditions L'Arbalète, 1990, ISBN : 2902375395