Le Lion et son Ombre, Christopher Isherwood
Avec le Lion et son Ombre, Christopher Isherwood, conduit sur les traces de ses années d'études à Cambridge, durant lesquelles il effectue ses premières gammes..
Christopher Isherwood est né le 26 août 1904 près de Manchester. Puritain de la haute bourgeoisie, il est un élève calme et s'applique à intégrer, le prestigieux collège de Cambridge. Avec Chalmers, son ami silencieux et d'une beauté frappante, révolutionnaire et romantique né, il part en vacances au Mont Blanc en compagnie de leur (anti-conformiste) professeur d'histoire, Mr. Holmes.
Ses préjugés contre la France ne manquent pas de sel : ses goûts empoisonnés, ses grenouilles rôties, ses punaises et ses vices... Reçus à Cambridge en qualité de boursiers, Chalmers et Isherwood ne cessent de poursuivre d'interminables conversations qui ont, pour la plupart, trait à la littérature, leur passion commune. Ils lisent Baudelaire et la "Dame aux camélias", Isherwood est rédacteur en chef de la revue du collège.
Pour s'évader de l'ambiance de Cambridge, ils créent des personnages imaginaires mais leur perpétuel état d'excitation mentale les conduit vite à improviser de nombreux récits, très souvent inachevés. Isherwood commence un roman dont le titre provisoire est le Lion et son Ombre. Philip Hinsley, son ami de Londres qu'il voit surtout lors des vacances est attelé, parallèlement à ses études de médecine, à un gros et ambitieux roman sur la vie mondaine. Mais Cambridge n'a qu'un temps. Isherwood ne veut pas enseigner, ce dernier refuge de l'homme de lettres raté. Et même si le collège compte parmi les plus agréables époques de toute [sa] vie il s’en fait renvoyer en ratant sciemment ses examens.
A vingt et un ans, il entre alors au service d'un violoniste, Mr. Cheuret, qui dirige un quatuor. Il devient son secrétaire et tombe amoureux de toute la famille. C'est à cette époque qu'il rencontre Hugh Weston, personnage malicieux et insolent qui n'est autre que le poète W.H. Auden, le futur grand ami de Christopher Isherwood. Après avoir quitté les Cheuret, Isherwood devient précepteur, plus ou moins itinérant et continue à travailler à son roman. Il est accepté par un éditeur et paraît en 1928 sous le titre "Tous les conspirateurs". Force est de constater qu'il n'obtient pas alors grand succès...
Isherwood abandonne vite des études de médecine commencées par désœuvrement et, devant le peu de persçectives que lui offre l'Angleterre de l'époque, il décide de rejoindre son ami Weston. Le livre se termine dans le train pour Berlin.
Le "Lion et son Ombre" est bien, sous les apparences du roman, une autobiographie à peine voilée et c'est là que réside tout l'intérêt de ce livre. La jubilation qu'Isherwood apporte à décrire les mœurs et l'atmosphère de Cambridge et du milieu artistique londonien ne manquent pas de saveur. Ses descriptions de la vie des collèges anglais semblent presque exotiques et son portrait d'une minorité sciemment déclassée et qui se suffit orgueilleusement à elle-même (la bohème de Londres) est d'un humour souvent ravageur.
Foin ici de confidences intimes mais plutôt le plaisir de la découverte des années d'adolescence d'un grand écrivain en devenir. Une autobiographie intellectuelle et sociale, souvent drôle, émouvante aussi, traitée avec un sens positif.
■ Le Lion et son Ombre, Christopher Isherwood, Editions Minerve, 1990, ISBN : 2869310188 ou Editions Fayard, octobre 2012, ISBN : 978-2213666648
Du même auteur : Adieu à Berlin - Octobre - Un homme au singulier – Mon gourou et son disciple – Rencontre au bord du fleuve