Georges Simenon et la luxure
Georges Simenon, quand il s'expliquait, ne cachait pas combien il séparait la sexualité de l'amour.
Il avait même commis un «Éloge de la luxure» (texte lu en 1956 à la radio française) :
« J'y disais que la luxure, la sexualité pure, était pour l'homme le moyen de se retremper dans le monde originel [...]. Dans la société compliquée où nous ne sommes que des pions, soulagement d'être nu, de faire certains gestes, sans complication, sans explication, sans sentimentalité. »
Simenon ajoutait :
« J'ai besoin, pour ne pas me sentir prisonnier de la société, de caresser une cuisse au passage, de faire l'amour sans déclaration, de traiter le sexe, d'un instant à l'autre, dans mon bureau, comme on le traite dans la forêt équatoriale ou à Tahiti. J'en parle en connaissance de cause. »
Si Maigret est un grand pudique, Simenon ne voulait pas l'être devant sa vérité. Le sexe, disait-il, est pour lui « l'équilibre rétabli. Les fausses valeurs qui diminuent. Les vraies qui montent ».
in « Quand j'étais vieux », Georges Simenon, éditions Presses de la Cité, 1972