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Rencontres galantes avec les maîtres hollandais

Publié le par Jean-Yves Alt

J'aime confronter des œuvres proches les unes des autres par la thématique. L'individualité de chaque Maître apparaît peu à peu et là où l'œil n'avait cru voir au début que des ressemblances, surgissent des particularités significatives, stimulantes pour l'esprit.

Parmi les Hollandais, le « galant militaire » de Ter Borch, les « joueurs de cartes » de Pieter de Hooch et le « petit déjeuner » de Metsu se prêtent à merveille à semblable confrontation.

Le sujet est le même, mais l'intrigue se situe dans des mondes différents et la personnalité du peintre s'y manifeste discrètement.

Gerard Ter Borch (1617–1681) – Le galant militaire

Huile sur toile, 55cm x 68cm, Musée du Louvre, Paris

 Le soudard épais, que Ter Borch décrit avec ironie, pesant, soufflant, suant, compte sur son or pour séduire une jolie femme à la mine dégoûtée.

Pieter de Hooch – Le joueur de cartes – 1663/1665

Huile sur toile, 67cm x 77cm, Musée du Louvre, Paris

 Dans l'intérieur de Pieter de Hooch, une coquine s'apprête à exploiter un jeune dadais bien pourvu de florins si l'on en juge par le luxe de ses habits – cependant qu'un homme assez inquiétant, tapi dans l'ombre, s'apprête à recevoir sa part des dépouilles.

Gabriel Metsu – Le petit déjeuner – 1660

Huile sur toile, 55,5cm x 42cm, Musée de L’Hermitage, Saint Petersburg, Russie

 Avec Metsu, c'est un marivaudage avant Marivaux, le flirt d'un jeune couple élégant : une femme coquette et pourtant affectueuse, un aimable cavalier, respectueux de la tenue, de l'esprit, de la tendresse.

Dans chaque cas, la technique, quoique très proche, s'adapte avec finesse au caractère de la scène. Chaque type est caractérisé avec une pénétration narquoise.

Les couleurs jouent leur partie adroitement ; la lumière est expressive : franche chez Ter Borch où le marché se débat clairement ; masquée, secrète chez Pieter de Hooch en raison du mystère qui entoure les personnages ; douce sur les étoffes chatoyantes pour la fraîche idylle de Metsu.

Ces nuances que l'œil perçoit avec délectation permettent de saisir ce que la parole transpose bien lourdement.

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