Oracle de Rauschenberg
Cette œuvre se compose de cinq objets de rebut, organisés en une configuration mobile, que Rauschenberg nomme un environnement.
À chacune des cinq parties est intégré un poste de radio branché sur différents pays, ce qui donne son caractère sonore à l'installation.
Ces parties sont une baignoire avec douche en tôle galvanisée et montée sur roulettes de fer, un large tuyau galvanisé monté sur roue de fer, un escalier en tôle d'aluminium monté sur roulettes, un montant de fenêtre en bois monté sur roulettes et une portière de voiture montée sur un bâti en fer et à roulettes.
Des objets inutiles, des objets signifiants : le spectateur est invité à se promener dans l'œuvre, à déambuler dans cette sorte de décharge publique, afin d'abord de se rendre compte que rien, ici, ne fonctionne plus. C'est donc autre chose que leur utilité qu'il faut convoquer à l'observation de ces objets.
Des objets qui parlent : en s'approchant de chaque assemblage, on peut entendre le son crépitant des radios. Ces objets parlent, au sens propre. Ils parlent évidemment aussi au sens figuré, à qui veut bien les entendre.
Robert Rauschenberg – Oracle – 1962/1965
Environnement sonore composé de 5 éléments en tôle galvanisée, montés sur roulettes et comportant chacun une batterie, un poste émetteur et un haut-parleur, 236cm x 450cm x 400cm, Centre Georges Pompidou, Paris
Tel un devin, le spectateur s'aperçoit alors peu à peu que ces objets apparemment sans signification se mettent à lui parler aussi, et qu'il se met à les entendre. Tel cercle de roue dialogue pour lui avec la circularité d'un tuyau, telle orthogonalité répond à telle autre, tous les assemblages fonctionnent sur l'idée d'un passage (par la fenêtre, par le tuyau…).
Dans ce lieu dérisoire, jonché des restes de la technologie moderne, un devin ou un « dieu » prend la parole et chacun peut la percevoir et l'interpréter, comme la creuse prophétie d'une pythie déglinguée.