Mon regard sur le saint Sébastien, gravure de Hans Baldung à Boston
Si le Sébastien de Baldung a un corps athlétique, il est loin de posséder le corps d'un jeune éphèbe aux muscles magnifiquement dessinés. Sa barbe fournie montre qu'il est plutôt d'âge mûr.
Il n'est aucunement délivré de ce que son corps vient de subir à l'opposé d'un autre Sébastien de Baldung (Nuremberg).
Son corps est affaissé sur sa hanche gauche mais rien ne rappelle le contrapposto du David de Michel Ange (où le poids du corps repose sur une seule jambe et la ligne des hanches fait opposition à celle des épaules).
Bien au contraire, le poignet de son bras droit – littéralement étranglé par les liens – prouve que ce déhanchement n'a rien d'une posture pour magnifier les muscles du corps : Sébastien s'est effondré sous la douleur occasionnée par les très nombreuses flèches qu'il a reçues.
Les angelots qui l'entourent – par leurs réactions – confirment leur affliction mais aussi et surtout la souffrance du saint.
Hans Baldung Green – Saint Sébastien – 1514
Gravure sur bois, 31 cm x 23cm, Museum of Fine Arts, Boston
Même le paysage en arrière plan semble avoir suivi l'effondrement de Sébastien : la petite maison est prête à disparaître dans les entrailles de la terre.
Ce Sébastien dévoile la conception d'un homme libre : Baldung a saisi – dans les mouvements du saint – l'importance de l'individualité… même face à Dieu.
Merveilleux.