Ixe, un film de Lionel Soukaz (1980)
Jusqu'à "Race d'Ep" un thème commun caractérise les films de Lionel Soukaz :
l'homosexualité revendiquée comme une liberté de choix dans l'accomplissement des désirs, comme une chose normale qui ne doit pas être refoulée par les pressions de la société, d'où un aspect parfois quelque peu vindicatif et militant du discours de ces films.
Filmé pendant plusieurs mois, au jour le jour, IXE constitue une sorte de « diary », de journal, avec la révolte en plus.
Ici ce n'est pas directement l'environnement du cinéaste qui est montré ou analysé, mais ses réactions personnelles, ses angoisses et sa révolte face aux agressions des pouvoirs quels qu'ils soient : politiques, religieux ou moraux.
L'homosexualité n'est pas représentée pour elle-même mais dans le social qu'elle suppose et qu'elle dénonce parfois.
Réactions aux agressions de l'actualité, des guerres et de la répression, des tournées papales qui ne sont en fait que show business à l'échelle religieuse. Pape ridiculisé ; foules qui « marchent » à cette orchestration grotesque.
Face à cela un sentiment de désespoir au sens fort du terme et de révolte devant une société où le bonheur est peut-être le plus grand mythe qui soit.
Mais cette révolte au dernier degré et ce désespoir ne sont pas criés avec des mots mais avec des images, et certaines sont réellement à la mesure du désespoir et de la révolte ressentis. Elles sont insoutenables. Et c'est là où IXE est un film réussi. Il n'utilise que les images et la musique (et les bruitages) pour faire ressentir ce désespoir. Ici l'absurdité de la vie n'est pas dite, elle est montrée. Les images se choquent, les musiques aussi, et elles ont choqué la commission de contrôle.
C'est en cela que IXE est un film fort : il utilise ce qui est la principale caractéristique du cinéma : les images et leur montage.
Du même réalisateur : Race d'Ep - Maman que man