Destin implacable par Gustave Doré
Les saltimbanques sont des faiseurs de tours ambulants : acteurs, clowns, musiciens ou encore acrobates. Proposant leurs spectacles sur les places publiques, ils contribuent au divertissement de tous. Leur existence, tout à la fois dangereuse et exaltante, marque les esprits du XIXe siècle.
Dans la scène présentée ici se joue un drame. L'enfant d'un couple de saltimbanques vient de tomber pendant la représentation. Il est étendu, serré contre sa mère. Pendant ce temps, dans son costume de lumière, le père regarde, impuissant, la scène.
Ce qui frappe dans la composition de Gustave Doré, c'est l'éloignement des deux parents : un grand vide les sépare.
Le jeune fildefériste s'est blessé lors de son numéro. Pour s'isoler de la foule, la famille a trouvé refuge sur un banc de fortune, fabriqué avec une planche posée sur deux tambours.
Les éléments iconographiques suggèrent les numéros qu'ils réalisent : habits de scène, animaux savants, instruments de musique et cartes de tarot.
Gustave Doré – Les saltimbanques – 1874
Huile sur toile, 224cm x 184cm, Musée des Beaux-Arts, Clermont-Ferrand
Le contraste créé par Doré, entre la chamarrure des habits d'apparat et la pâleur des visages, rend la situation encore plus insoutenable.
Réflexe professionnel, la saltimbanque a déjà tiré les cartes à ses pieds, pour connaître l'issu de l'accident.
Les animaux, eux, ne peuvent cacher ce que leur instinct leur fait pressentir.
Plus qu'une scène de cirque, c'est la souffrance d'un enfant et l'impuissance de ses parents face au destin cruel que Doré a représentées.