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Amitiés avunculaires par Georges Duby

Publié le par Jean-Yves Alt

La relation entre l'oncle et le neveu est une constante dans les récits de chevalerie. Ainsi, dans La Chanson de Roland, le verbe aimer est employé plusieurs fois pour qualifier la relation entre Charlemagne et son neveu.

Comment s'expliquent ces amitiés avunculaires (c'est-à-dire relatives à l'oncle), et pourquoi occupent-elles une telle place dans la société féodale ? Georges Duby répond à la question :

« La disposition des rapports de parenté dans la société chevaleresque attribuait à l'oncle maternel à l'égard de ses neveux des droits et des devoirs privilégiés. Des fils de sa sœur, l'oncle attendait donc qu'ils l'aiment mieux que leur père, et lui-même se sentait tenu de les aimer mieux que celui-ci. Il se devait notamment de les aider dans leur carrière. Or, la plupart du temps, cet homme se trouvait en meilleure position pour le faire puisque, par l'effet des stratégies matrimoniales, la femme était d'ordinaire, dans le couple, de plus haut parage que son mari. Pour se pousser dans le monde, les garçons se tournaient par conséquent volontiers du côté de leur lignée maternelle. Lorsqu'on les avait voués à servir Dieu, ils s'élevaient dans les grades ecclésiastiques grâce à l'oncle chanoine, abbé ou évêque ; lorsqu'ils étaient chevaliers, ils partaient combattre dans l'équipe de l'oncle banneret, sûrs de trouver dans son entourage chaude amitié, ferme soutien et les chances les plus assurées de faire fortune. »

Georges Duby

in Guillaume le Maréchal, éditions Fayard, 1984, ISBN : 2213013497, p. 95


Lire aussi : L'exaltation de l'amour viril au Moyen-âge par Georges Duby

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