Wilde side, un film de Sébastien Lifshitz (2002)
Mikhail et Djamel partagent le lit de Stéphanie, une jeune trans-sexuelle. Au départ ce sont trois solitudes qui se rencontrent, et malgré la vie chaotique de chacun, ils trouvent un réconfort dans les bras l'un de l'autre : un trio sur la route de l'indépendance.
Dans un monde qui aime bien mettre les gens dans des cases, Sébastien Lifshitz risquait d'être connoté comme un cinéaste homo, surtout après le succès de « Presque Rien » (et de l'affiche signé par Pierre et Gilles). Pourtant, lorsqu'on plonge dans l'univers intime de son nouveau film, on comprend qu'il échappe à toutes les catégories. Wild Side est un film marginal sur le parcours de trois marginaux.
La rencontre d'un trio de marginaux, composé d'un émigré russe, d'une transsexuelle et d'un jeune maghrébin, dans le Paris contemporain, et l'amour qui naît entre eux. Leur alliance sera d'autant plus forte qu'elle se déroulera sur fond de clandestinité et de mort…
MON COMMENTAIRE : Il aurait été facile de basculer dans un mélodrame stéréotypé si le but avait été de raconter la seule liaison entre une jeune transsexuelle (Pierre devenu Stéphanie), un prostitué marocain (Djamel) et un clandestin russe (Mikhail)... Lorsque Stéphanie part chez sa mère, ses amants la rejoignent, mais ils restent en dehors de sa confrontation avec son village, son enfance et ses souvenirs. Il n’y a aucun conflit entre le monde de son enfance et celui actuel car ce qui émerge avant tout dans ce film c’est de l'amour. C'est cela qui frappe, avant tout le reste. .
L’important, c’est cette rencontre fusionnelle entre ces trois personnages (qui ne sont plus à la dérive) sans oublier celle extrêmement sobre et émouvante entre Pierre (devenu Stéphanie) et sa mère. Wild Side n'est pas un film bavard : les dialogues sont courts, parfois un peu difficiles à suivre à cause des obstacles linguistiques des personnages. Mais ceci n'est pas vraiment un handicap car la représentation de leur intimité fragile est très présente tant dans leurs rapports physiques, dans leurs regards que dans leur lutte pour échapper à la solitude. .
Les silences et le mélange linguistique drôle donnent un ton plutôt léger au film, ce qui n’est pas pour déplaire. Stéphanie Michelini dans le rôle de Stéphanie est magnifique : sa présence écarte tout des clichés de la représentation de la transsexualité. Avec douceur et charme, elle mène l'histoire entre le présent et les flashbacks de l'enfance, entre la vie au nord de la France et les expériences de prostitution à Paris.