Les « Gisants » d'Olivier Brice
Les premiers drapés d'Olivier Brice (1933-1989) étaient réalisés sur des moulages du Louvre étroitement enveloppés dans des linceuls qui épousaient leurs contours. Cet épiderme supplémentaire créait un rapport de présence nouveau. La statue voilée devenait fascinante, mystérieuse, allusive, à la fois distante et proche.
Brice se démarquait pourtant de Christo. Le drapé n'a pas le pouvoir d'objectivation du paquet clos : un drap n'est pas une bâche. Le drapé épouse une forme sans l'emprisonner, il la voile sans l'effacer.
Ses « Gisants », réalisés par la suite, étaient des moulages de corps humains – grandeur nature – allongés à même le sol (moulages en prise directe, seules les têtes provenant « d'antiques »). Tels les prisonniers de la lave de Pompéi, ils semblaient figés en pleine action… un peu comme dans un sommeil qui aurait pu ne pas être le dernier.
Olivier Brice – Gisant – 1978
Ce corps paraît à mi-chemin entre la vie et la mort : un peu irréel comme un accidenté de la route couché sur le bas-côté. Est-il encore vivant ou déjà mort ?
Il est saisissant : après l'effet de surprise, il impose le respect des moments définitifs. Le drapé rappelle que l'irréparable vient de se produire.
Ce gisant fait apparaître la mort comme un scandale logique et comme la plus immanente des lois de la nature.