Du dandysme et de George Brummell, Jules Barbey d'Aurevilly
Ce petit essai méconnu de Jules Barbey d'Aurevilly retrace brièvement la vie du premier et du plus grand de tous les dandys : Georges Bryan Brummell, dont tout le monde sait le nom mais que personne ne connaît.
Cet essai se termine sur un portrait – superbe de dandysme – le duc de Lauzun.
Analysant avec la légèreté hautaine que requiert un tel sujet le phénomène du dandysme, Barbey d'Aurevilly affirme :
« Ce qui fait le dandy c'est l'indépendance. Autrement il y aurait une législation du dandysme, et il n'y en a pas. Tout Dandy est un "oseur", mais un oseur qui a du tact, qui s'arrête à temps... »
Après avoir montré l'impalpable et profonde superficialité des dandys, leur art de l'accomplissement esthétique fugitif et social, l'auteur conclut à leur nécessité :
« Ils entrent dans le bonheur des sociétés comme d'autres hommes font partie de leur moralité. Natures doubles et multiples, d'un sexe intellectuel indécis où la grâce est plus grâce encore dans la force et où la force se retrouve encore dans la grâce, androgynes de l'histoire, non plus de la Fable, et dont Alcibiade fut le plus beau type chez la plus belle des nations. »
Cet essai n'a pas vieilli et sa lecture rappelle que Brummel n'a pas inventé la mode et que c'est un dandy. Mais pour savoir comment le devenir, aucune réponse. Il faudra l'inventer.
■ Du dandysme et de George Brummell, Jules Barbey d'Aurevilly, Éditions Rivages/poche, 1997, ISBN : 2743602775
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