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Les mouettes volent bas, Joseph Hansen

Publié le par Jean-Yves Alt

À La Caleta, pas loin de Los Angeles, le Chef de la police Ben Orton est une figure, celle de l'Ordre et de la Loi. Quand il meurt, le crâne fracassé par un pot de fleurs, le coupable semble évident : c'est un activiste homo qui n'a pas supporté qu'Orton refuse ses pétitions en faveur des droits des homos.

Dave Brandstetter entre alors en scène, pour mener une enquête diligentée par son employeur, Medallion Life, assureur auprès duquel le défunt avait souscrit une police d'assurance-vie. Et Dave trouve que les choses ne sont pas si claires.

Le chef de police d'une petite ville a été tué. Aimé par certains (rares), haï par d'autres, il voulait garder sa ville propre (c'est-à-dire pas d'homos, de drogués, d'hippies, de films pornos...) ; il voulait préserver l'ordre, la famille, et imposait la peur à toute une population. Un homme, Cliff Kerlee, est accusé de ce meurtre car, fait accablant, il avait professé des menaces de mort contre ce flic au cours d'une manifestation retransmise à la télé.

Comme on le voit, nous sommes en plein scénario classique de série noire. Ce qui l'est moins, c'est que les principaux personnages de ce livre, dont certains n'ont rien à voir avec le scénario, sont homosexuels, à commencer par l'enquêteur et l'accusé ; et on l'apprend dès les premières pages.

On a l'impression que le scénario policier d'ailleurs est mal mené, et que en fait il sert de prétexte à décrire les homosexuels, leurs luttes, leurs questions, leurs vies. Ce qui est une nouveauté dans le genre du polar, c'est la présence d'homos militants avec toutes les nuances possibles, au point que l'on croirait parfois reconnaître le mouvement français. Ainsi Nowell est obsédé par la respectabilité, agacé par les «folles» faisant irruption à l'assemblée où il essayait de se faire reconnaître, bref, on se croirait à un ancien congrès d’« Arcadie » ! Un autre, Harv, essaie de regrouper les homos sur la ville, rêve d'un mini San Francisco. Un autre, l'accusé, faisant pétitions, manifs, se bat pour que les pédés vivent comme ils l'entendent.

Et puis il y a aussi plein d'autres pédés, moins décrits mais tous sensibilisés à leur condition d'homosexuels. Les lesbiennes, sont elles complètement absentes, même lors des manifestations où pourtant elles devaient être. De même les femmes ne sont guère présentes ; au moins, elles ne sont pas utilisées comme objet sexuel (comme dans la plupart des polars).

L'intérêt de l'auteur va, cela est évident, vers les pédés, vers ce fait social qu'est la lutte des homosexuels.

L'intrigue en fait importe peu et il est émouvant de lire une «Série noire» mettant en scène des homosexuels avec naturel et sans caricature.

■ Les mouettes volent bas, Joseph Hansen, Gallimard, Collection Folio numéro 2673, ISBN : 2070388832


Du même auteur : Le garçon enterré ce matin - Un pied dans la tombe - Par qui la mort arrive - Petit Papa pourri - Pente douce


Lire aussi sur ce blog :

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Hommage à Joseph Hansen et chroniques brèves des romans : Le poids du monde - En haut des marches - Les ravages de la nuit

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