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Me résigner au monde, Edward Stachura

Publié le par Jean-Yves Alt

Poète, grand voyageur, Edward Stachura (1937-1979) vécut sur terre une sorte d'ascèse, qui n'est pas sans évoquer les plus maudits : Hölderlin, Rimbaud, Kerouac, conquistadors de l'impossible aux frontières de la littérature.

« J'ai l'impression de ne plus rien savoir. Mais ce rien, je le connais... Je suis ce rien. »

Celui qui écrivit ces mots en 1974 n'était plus Stachura. Sourd aux sirènes de la poésie pour ne plus entendre que celles de la folie, il s'était rebaptisé « l'homme-qui-n'est-personne », et en avril 1979 il se jeta sous un train.

La suite de l'histoire, c'est, après avoir manqué ce suicide, une tentative pathétique, consignée dans ce bref journal, pour se résigner au monde.

« Pour les gens simples, les choses sont ce qu'elles sont. Comment elles devraient, comment elles pourraient être, ils ne se tracassent pas avec ça... J'apprends à me réjouir d'un rien, de broutilles : du beau temps, du bon air, du pain bien cuit. »

Chaque jour, il admire désespérément que sa mère ait si bien compris que « pour pouvoir vivre dans ce monde, il faut participer à ses rites ».

Lui, se sent coupable d'avoir tenté, avec ses livres, de « réveiller les gens à la vie ». En mai, il se pend et cette fois ne se rate pas... Chronique déchirante d'un échec.

■ Me résigner au monde, Edward Stachura, Éditions Solin, 1992, ISBN : 285376088X

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