Les effrois, Hubert Haddad
Mystère et superstition sont les ingrédients essentiels de ce roman. La nature trouve également ici une place importante avec les forêts vosgiennes où se déroule l'enfance singulière de Gilles Varémont.
Les dix premières années de ce garçon étrange et sauvage sont jalonnées d'une série de morts dramatiques : d'abord celle de sa mère, Louise, en le mettant au monde, décès provoquant la folie du père bûcheron, puis celles, coup sur coup, de ses grands-parents qui l'avaient recueilli, et enfin celle de son père auprès duquel il était revenu vivre, au cœur de la forêt de Thiriville que les villageois croient hantée par le spectre de Louise, en quête d'une sépulture.
Poursuivi par la haine des adultes et des enfants parce qu'il est né « les pieds devant », Gilles se réfugie dans un univers qui lui est doux et familier : la nature, la forêt. Ce « jeune animal égaré toujours aux aguets » a très tôt senti en lui « une sorte d'appel sensuel et douloureux dans la complicité muette des montagnes ».
Même s'il est situé dans l'entre-deux-guerres, ce roman est de nature intemporelle. Ce parcours d'initiation – d'un enfant attachant par son refus inné de la civilisation – fait de ce texte – à la charnière du réel et de l'imaginaire – un plaidoyer pour la différence aux couleurs du paganisme.
■ Les effrois, Hubert Haddad, Éditions Albin Michel, 1983, ISBN : 2226017313
Du même auteur : Le visiteur aux gants de soie