La femme de Paul, Guy de Maupassant (1881)
Guy de Maupassant, dans cette nouvelle, a montré un jeune homme de bonne famille épris d'une « petite brune maigre avec des allures de sauterelle », rencontrée à la Grenouillère de Croissy, dans un bal de canotiers braillards.
Il l'a dans la peau. Elle, elle aime non pas Paul, mais Pauline, une fille aux seins démesurément rebondis, au teint plâtré de fard, aux yeux charbonnés, aux lèvres sanguinolentes, emplissant un vêtement de flanelle blanche, bombant de sa croupe un large pantalon, et se balançant comme une oie grasse.
Maupassant écrit :
« Leur vice était public, officiel, patent. On en parlait comme d'une chose naturelle, qui les rendait presque sympathiques, et l'on chuchotait tout bas des histoires étranges, des drames nés de furieuses jalousies féminines, et des visites secrètes de femmes connues, d'actrices, à la petite maison du bord de l'eau. »
« […] elles semblaient fières de leur célébrité, heureuses des regards fixés sur elles, supérieures à cette foule, à cette tourbe, à cette plèbe. »
Et, un jour, Paul surprend en flagrant délit ce petit criquet qu'il adore.
Maupassant continue :
« Oh ! c'eût été un homme, l'autre mais cela ! cela ! Il se sentait enchaîné par leur infamie même. Et il restait là, anéanti, bouleversé, comme s'il eût découvert tout à coup un cadavre cher et mutilé, un crime contre nature, monstrueux, une immonde profanation. »
Et Paul se jette dans la Seine.
Morale qu'aurait pu écrire Guy de Maupassant : Il eut mieux fait de ne pas se jeter dans les pattes de cette grenouille.
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