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L'écornifleur, Jules Renard

Publié le par Jean-Yves Alt

Jules Renard n'a pas écrit que son « Poil de carotte ». Du même bonhomme, il y a un joyau, « L'écornifleur », perle d'humour vache, qui plus encore, peut-être, mériterait l'universelle popularité.

Ce qu'est un écornifleur ? Un pique-assiette. Comme Henri. Henri, l'écrivailleur. Henri sans patronyme, sans fonction, sans talent, sans mérite, sans scrupules, sans honneur, sans illusions et sans espoir.

Henri, un joli-cœur qui s'incruste à l'épate chez le bourge crédule. Jusque dans son garde-manger, jusque dans son lit. Une sorte de tartuffe laïque.

Mais tout le charme du roman, est de rendre pathétique le cynisme de son héros. Et qui sont ses victimes ? Un couple : ce gros cochon niaiseux de Monsieur Vernet et sa Bovary d'épouse, tous deux confits en conformisme comme bigotes en dévotion et qui, entre le vernis de culture et leurs muettes « pensées de derrière les reins » suent l'angoisse et la mesquinerie du grippe-sou.

Leur souci d'honorabilité les obsède : ils voudraient « avoir l'air » en gavant de bouillon gras un jeune poète désargenté. Ce sont de méprisables songe-creux qui croient pouvoir passer de la vulgarité à la bienséance.

Lorsqu'Henri, à la fin, cherche à porter ailleurs ses façons de coucou, il ironise sur son propre compte en lançant :

« A céder, un parasite qui a déjà servi ! »

■ L'écornifleur, Jules Renard, Editions Gallimard/Folio Classique, 1980, ISBN : 2070371670


Lire aussi : Les amitiés particulières dans Poil de Carotte de Jules Renard

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