Wittgenstein : comment définir le style de sa pensée ?
Son objectif : en finir avec la philosophie. L'essentiel réside dans une critique du langage capable de dissoudre les questions artificielles de la métaphysique. Les seules phrases pourvues de sens décrivent des faits, des événements ayant lieu dans le monde. En quoi consiste le monde lui-même, sa texture, sa présence ? Voilà qui demeure impossible à dire.
Si je dois répondre à la question « Qu'est-ce que le vert ? » posée par quelqu'un qui n'en sait rien, je ne peux que répondre «c'est ça»... en lui montrant quelque chose de vert. Cette réalité extérieure au langage, nous pouvons la montrer du doigt et l'éprouver, mais pas la dire. Wittgenstein la nomme « le mystique ». L'erreur la plus commune est de vouloir exprimer cet indicible. Contre cette illusion, il pose comme règle : « Ce qu'on ne peut dire, il faut le taire. »
« Ce que nous faisons consiste à nettoyer nos notions, à clarifier ce qui peut être dit du monde. »
En départageant ce que peuvent nos mots et leur usage et ce qui reste hors de portée du langage, il a perfectionné la chasse au faux problème. Son activité propre ne consiste donc pas à «faire» de la philosophie, mais plutôt à la défaire.
extrait d'un article du Point n°1692, Roger-Pol Droit, 17 février 2005