De l'amour par Saadi (2/2)
Un maître avait un disciple d'une si rare beauté, qu'il ne put s'empêcher d'en être épris, et, loin de lui cacher sa faiblesse, il lui avoua qu'il avait tant de plaisir à le regarder, qu'il ne détournerait pas les yeux, quand même il verrait mille flèches prêtes à le percer. Le jeune homme lui ayant dit :
« Si votre esprit est trop préoccupé pour vaquer à vos études ordinaires, au moins appliquez-vous à diriger mes penchants suivant les règles de la morale, avertissez-moi si vous trouvez dans mes mœurs quelque défaut à reprendre, afin que je puisse me corriger.
– Des défauts, ô mon fils ! Adresse-toi à d'autres pour les connaître. L'œil de l'amour ne voit jamais que des vertus. Tu n'en aurais qu'une seule avec cinquante vices, que ton ami ne verrait que cette vertu. »
Saadi, poète persan du XIIIe
■ in Le jardin des roses, Editions Auzou, 2004, ISBN : 2733807536, pages 35/36
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