Le « saint Jean-Baptiste » de Léonard de Vinci : une prophétie
La plupart des tableaux de Léonard de Vinci ont trait à la prophétie.
L'Adoration des Rois mages, c'est la prophétie d'un nouveau Seigneur. Dans les vierges à l'enfant qu'il peint, ce sont toujours des prophéties : par exemple dans la Vierge aux rochers, c'est la prophétie de la Passion.
L'annonciation, c'est une prophétie au sens propre du terme, c'est l'ange qui vient annoncer à Marie qu'elle va être la mère du fils de Dieu.
La Cène, c'est encore une prophétie, puisque Léonard de Vinci choisit le moment où le Christ annonce qu'il va être trahi et non pas l'instant de l'Eucharistie.
L'essentiel de son œuvre semble être tournée autour de cet axe.
Si la prophétie se fait sur le Christ, c'est naturellement sur le Christ en tant qu'homme :
Quand saint Jean-Baptiste sourit, du même sourire énigmatique que celui de la Joconde, et désigne du doigt le ciel, hors cadre, il annonce, certes, que le Christ va mourir crucifié, mais aussi que toute sa vie est passion. La prophétie est heureuse.
Saint Jean-Baptiste peint par Léonardo di Ser Piero da Vinci (Léonard de Vinci)
Peinture à l'huile sur bois, vers 1514, 57 cm x 69 cm
Léonard, qui s'est interrogé toute sa vie, croyant pouvoir percer les mystères du monde, s'est aperçu en fin de compte que c'était impossible. La vérité est ailleurs. Cependant, même si chaque homme sait qu'il va mourir, que tel est son destin, Léonard de Vinci semble dire qu'il n'y a pas d'autres choix et que c'est une chose merveilleuse.
Et quand on sait que le saint Jean-Baptiste est son dernier tableau, donc d'une certaine manière son testament, et que dans ses derniers jours, malade, il écrit « je continuerai », ça prend un sens magnifique.