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Les Bostoniennes, Henry James [1886]

Publié le par Jean-Yves Alt

Dans « Les Bostoniennes », Henry James esquisse la psychologie d'une femme qui, en d'autres temps, aurait pu être qualifiée de lesbienne.

C'est d'abord, un roman psychologique : Un homme et une femme luttent pour conquérir l'affection exclusive d'une jeune fille. La femme - lesbienne inconsciente - gagne la première manche, mais l'amour hétérosexuel finit par triompher.

Basil Ransom, un jeune avocat du Mississippi, dont la famille a été ruinée par la guerre de Sécession, rend visite à sa cousine bostonienne, Olive Chancellor. Ces deux êtres sont à l'antipode l'un de l'autre :

■ Basil est un Sudiste non repenti, un gentilhomme d'avant-guerre de vues et de manières nettement aristocratiques. C'est un garçon ambitieux, légèrement cynique, mais non mercenaire, respectueux de la femme mais anti-féministe.

■ Olive, à trente ans, est une puritaine militante, anti-esclavagiste, réformiste. Cette charmante personne, qui intellectuellement, est une femme remarquable, déteste les hommes, qu'elle considère comme des « monstres » et des « tyrans ». Elle déteste aussi la littérature française, à cause de sa sensualité. Pâle, nerveuse, intense, morbide, refoulée, elle a reporté toute sa passion intérieure sur les causes qu'elle sert.

À une séance féministe où elle a amené Basil, les deux cousins rencontrent Verena Tarrant, fille d'un évangéliste charlatanesque. L'un et l'autre, - chacun à sa façon - s'éprennent avec passion de Verena. Celle-ci est une jolie fille rousse qui, sans le savoir possède une exubérante sexualité. Elle sublime ses instincts par une adhésion semi-hystérique à la cause féministe.

Olive prend Verena chez elle sous prétexte de favoriser sa carrière de conférencière et de championne des droits de la Femme. Elle l'emmène en Europe, l'enveloppe dans un réseau serré d'affection et de liens matériels, la fait vivre dans son monde de femmes.

Mais Basil n'abandonne pas la partie. Finalement, découvrant la femme sous l'évangéliste, il révèle Verena à elle-même et l'arrache à l'emprise d'Olive. Les deux jeunes gens s'épouseront.

Dans ce roman de James, la relation amoureuse entre Olive et Verena est exposée à la fois avec une parfaite vérité et sans une seule scène torride.

Ce roman n'est pas seulement intéressant par son côté passionnel. Il l'est aussi par son très remarquable tableau et portrait ironique d'une tranche de la société bostonienne et new-yorkaise, les milieux radicaux, rêveurs utopistes, les clubs de femmes, aux environs de 1870. Les idées exprimées par Basil Ramson peuvent être aussi considérées comme une critique d'une pensée matérialiste du monde américain actuel.

Même si le roman traîne un peu vers la fin, il ne faut pas manquer les cent premières pages qui sont admirables.

■ Les Bostoniennes, Henry James, Éditions Gallimard/Folio, 1973, ISBN : 2070364798


Du même auteur : L'élève

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