Heinrich HIMMLER : Discours de Bad Tölz le 18 février 1937
Chef de la SS (groupes de protection) à partir de 1929, ministre de l'Intérieur d’Hitler à partir de 1943, Heinrich Himmler a utilisé les camps de concentration comme instrument de terreur politique et d’extermination raciale. Le 30 juin 1934, il élimine Röhm, chef des SA (sections d'assaut) et homosexuel. C'est la « nuit des longs couteaux » : Hitler est désormais seul à bord et Himmler est son bras armé.
Dans son discours de Bad Tölz devant des officiers SS, Himmler explique le danger que représente à ses yeux l'homosexualité pour la nation allemande. Il en attribue l'origine à la virilisation des femmes.
Extraits du discours :
« […] Il y a parmi les homosexuels des gens qui adoptent le point de vue suivant : «Ce que je fais ne regarde personne, c’est ma vie privée.» Mais il ne s’agit pas de leur vie privée. Pour un peuple, le domaine de la sexualité peut être synonyme de vie ou de mort, d’hégémonie mondiale ou de réduction de son importance à celle de la Suisse. Un peuple qui a beaucoup d’enfants peut prétendre à l’hégémonie mondiale, à la domination du monde. [...] La destruction de l’État commence lorsque, intervenant un principe érotique (je le dis avec le plus grand sérieux), un principe d’attirance sexuelle entre hommes, la qualification professionnelle, l’efficacité ne jouent plus dans cet État d’hommes le rôle qu’elles devraient jouer. [..]
Aujourd'hui encore, il se présente tous les mois un cas d’homosexualité dans la SS. Nous avons de huit à dix cas par an. J’ai donc décidé la chose suivante : dans tous les cas. Ces individus seront officiellement dégradés, exclus de la SS et traduits devant un tribunal. Après avoir purgé la peine infligée par le tribunal, ils seront internés sur mon ordre dans un camp de concentration et abattus pendant une «tentative d’évasion». […] J’espère ainsi extirper ces gens de la SS jusqu’au dernier. Je veux préserver le sang noble que nous recevons dans notre organisation et l’œuvre d’assainissement racial que nous poursuivons pour l'Allemagne.
[...] Mais tout cela ne permet pas de résoudre le problème dans son ensemble. […] À mon avis, on constate une trop grande masculinisation de notre vie. Nous allons jusqu’à militariser des choses inimaginables. Je le dis très franchement : rien n’est aussi parfait que notre manière de faire avancer les hommes en rang et de faire des paquetages, mais je trouve catastrophique de voir les filles et les femmes - les jeunes filles surtout - circuler à travers le pays avec des paquetages parfaits. Cela donne envie de vomir. Je trouve catastrophique de voir les ligues, associations et communautés féminines s’occuper de choses qui détruisent le charme, la dignité et la grâce de la femme [...]. Nous masculinisons les femmes de telle sorte qu’à la longue la différence sexuelle et la polarité disparaissent. Dès lors. le chemin qui mène à l’homosexualité n'est pas loin. »
■ Extrait de Homosexualité, Bruno Perreau, Editions J’ai lu, Librio, 2005, ISBN : 2290341363, pages 29-30