Mon regard sur le « saint Sébastien » de Joël Peter Witkin
Un saint Sébastien étrange…
Un squelette avec deux flèches maintenues artificiellement. La tête d'un homme ornée d'une couronne de laurier, les yeux couverts d'un bandeau à fleurs, la bouche ouverte où se lit une impressionnante extase. Un sexe mou, discret et pourtant bien visible.
Comment être mieux confronté à la mort – à notre propre mort ?
Cette théâtralisation de la mort semble se rapprocher des images macabres quotidiennes dont les médias nous abreuvent. Pourtant là, je ne ressens pas ce besoin pressant de détourner mon regard. Est-ce parce que cette mort est-ici totalement sublimée ?
En le nommant « Queer Saint », je devine que l'artiste a aussi voulu s'amuser de l'homo-érotisation de cette figure : l'absence de chair, en dehors de la tête et du sexe, révèle le trucage pour faire maintenir en place les flèches.
Joël Peter Witkin, Queer Saint, 1999
Photographie argentique, 50 cm x 40 cm
Ce Sébastien, je le vois comme une ironie de l'expression chrétienne Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir).
Contrairement aux représentations des siècles précédents du martyre de Sébastien, celui-ci m'invite à ne pas perdre l'idée que tout homme – même mort – reste mon semblable.
Quelle meilleure manière de lutter contre le tabou de la mort !